Aujourd’hui c’est plutôt triste. On va quitter San Francisco dans l’aprèm. On émerge de la voiture a 7 :00 am, sous un soleil fraichement levé. Pas pire dormi, mais ce coffre de voiture ne sera pas le grand luxe. On a rencard chez le garagiste à Mission, sortie de notre résidence tranquille, faux clochard routard, au volant de notre destrier avec le dernier album des Black Keys, Brother, virage moins gras et plus pop. On croise la populace qui a pris la route pour aller au taff pendant que nous sommes libres. Sous de sordides contraintes qu’est d’aller donner des sous a un garagiste hispanique au niveau d’honnêteté encore inconnue, mais c’est toujours mieux que de partir faire gagner des sous a une institution ou un PDG qui n’a que faire de notre triste sort. Nous, on l’aime, notre triste sort, déambulant dans notre carrosse jusqu’au croisement de la 24 th et de Valencia Street. On aimerait pas trop croiser Cedrico partir taffer, on se sent un peu mal à l’aise d’avoir tant voulu squatter chez lui. Le garagiste nous annonce 300$, et de revenir vers 1:00pm. Contrainte suivante : aller à la DMV sur Fell Street, finir de faire registrer la voiture. On y va à pied, dernière balade pédestre dans la fraiche ville. C’est sympa, la température est bonne, le soleil présent, très agréable. On se fait un Latte dans un coffee sur la route, tenue par une serveuse qui parle en bistrot avec les habituées de l’enclave. DMV : On fait la queue comme à la sécu, et Edg me raconte la dernière expérience qu’il a eue ici. Pour sa dernière tentative de registration, il a eu le droit à la jaune la moins drôle, la moins compréhensive et compréhensible des hôtesses de toute la DMV ricaines. On est assis juste devant elle, et on l’observe en l’insultant. Elle se prend des grandes pauses, est insupportable avec tous ses clients, ses collègues aussi. C’est bizarre, en en parlant on se rend compte d’une p'tite forme naissante de racisme envers nos cousins bridés. C’est vrai que la culture asiatique, leur mode de vie, de Pékin à Tokyo, ne me font pas envie, la pseudo terreur envers la superpuissance chinoise explosante ça m’énerve. J’ai aucune envie de découvrir ça et le comportement des touristes asiat est exaspérant. Tu pourrais te balader avec un soutif sur la tête, on a l’impression que sa les feraient pas réagir. Dans une sale bulle, et curieux de mettre une photo sur celles de leurs manuels d’histoire géo. Ce qui ne m’autorise aucun apriori sur un jaune occidentalisé. Et même, il doit y avoir des chinois cool. À côté de nous par exemple, un couple composé d’un jeune marié hippie, super beau, accompagné d’une très charmante asiatique en robe blanche et d’un bambin qui a l’air adorable. Une image du couple chialant d’envie. Les gens attendant la sont tous différents, et les subir alors à peine réveillée est tout de même moitié relou. C’est marrant tout de même d’observer, deviner qui fait et pense quoi ; c’est un des jeux préférés de Edg. On voit comme au tiercé les numéros de passage selon types de demandes qui augmente péniblement. Malgré nos prières des plus profondes, et pleines de guichet desservant notre numéro, Edg se repaye la vieille peau jaune. Sans trop d’accrocs cette fois-ci, tout est en règle, on est redirigé vers une jolie demoiselle avec une banane fixée à plein temps sur sa bouche, elle fait plaisir à voir et nous fille dans une corbeille tous les documents nécessaires. Ça y est, la voiture est enregistrée au nom de Paul Edg par l’état fédéral de Californie d’Amérique. Let’s have this fu*/£ng Trip!
Retour à pied qui parait moins long, plus léger, peut-être faute à la descente. Il est 12 :30 et finalement ils ne m’inspirent pas trop confiance ces mexicains. Ils nous annoncent que la caisse sera prête vers les 5:00pm et quand il est question du prix, ils nous annoncent 500$. C’était pas ce qui était prévu. Le patron du shop arrive et se met à discuter en espagnol avec les employées. J’essaye de comprendre, je n’ai que de faibles notions en espagnol, je ne capte pas grand-chose. Mr Mendes arrive finalement vers nous : Hey les p'tit gars, sur la liste que vous m’avez filler, vous m’avez dit de remplacer ce tuyau, c’est quoi son problème ? Moi j’vous le change si vous le voulez, pas d’soucis, mais c’est pour vous ?! Ça va être peut-être un peu plus cher que prévu à cause du thermostat, donc c’est comme vous le voulez. – Ben on y connaît pas trop, je sais pas, vous conseillez quoi ? – Ben moi il me va bien hein !? Si j’étais vous, je le changerais pas. » Soit, change le pas amigo. C’est une fois de plus trop bizarre. N’importe quel garagiste l’aurait fait, on demande, il facture, ça fait du chiffre. Pas à SF apparemment. On le remercie et on s’en va bouffer un dernier p'tit resto latino de chez Mission Street. 100 % mexicain dans la rôtisserie, des poulets qui grillent sur plusieurs grandes broches, les patates entières et pas pelées, garnie de beurre, friand dans de grandes poêles, une dizaine de salades dans des récipients de cantines. 2 petites portions de verdure, du pain, deux patates et un demi-poulet pour 6.5 $. Explosion de bide. On sort sur mission Street avec 3 kg de plus. Nous avons donc 3h à tuer. Je veux retourner à Haight, acheter des cadeaux, profiter une dernière fois de ce quartier de malade. C’est super loin, pas le temps et surtout l’envier de porter notre repas jusqu'à là-bas, et la flemme de payer deux aller-retour en bus. On s’arrêtera donc au Dolores Park, une troisième et dernière fois, et non drogué. Grosse différence, mais l’endroit nous aguiche vraiment. Il fait beau et chaud, on reposera nos carcasses tout de même fatiguées par la nuit dans la bagnole sur l’herbe, et sous le dessein des buildings du Downtown. J’essaie d’aller parler a un groupe de SFiennes, très joliment tatooé et percé. Je prétexte vouloir leur acheter une bière, elles ont un énorme pack de despé. Elles sont nées ici, j’en suis sûr. Hyper jolie, folle et inaccessibles. Elles me regardent limite, et m’envoient chier à l’épicerie la plus proche. Pas si près, ou alors je l’ai pas trouvé. Je prends une p'tite Hoegaarden blanche et douce et tombe sur le vendeur le moins sympa et le moins expressif de la ville. Je tente, tout joyeux de lancer une discussion fugace, et ne provoque que le « rentre chez toi whitey » du regard. Dommage pour les derniers contacts du pays des dingues. Retour au parc, Edg dort, normal. On zone deux p’tites heures, hésitant à cramer un dernier p'tit bédo dans le lieu béni, puis on se range du côté de la raison. On en aura bien profité, pas nécessaire. On est pas des accrocs du chichon. Sur un panneau à la périphérie du Park, on repère un écriteau interdisant l’usage de drogue. On savait pas..
Edg va parler au garagiste, pendant ce temps je vais essayer d’acheter des cadeaux dans la Latina calle. Je veux un bandana pour Jack ! Je fais plusieurs boutiques, dont plusieurs en carton, super trop latino. J’hésite à acheter une casquette SF, j’aurai du ! Pas de bandana cool, mon seul achat de la virée shopping restera un bidon d’un gallon d’eau au touta1$. Chez le garagiste, la voiture est prête. Maintenant on va discuter le prix. « Vous payez comment les gars ? Cash ou carte ? Avec la carte c’est 479$. En cash c’est 400$. » On a retiré plein de pépettes devant la BOA de la DMV, on se fout de savoir si la réparation est faite au black. On a les papiers d’assurances des pièces. On sort la liasse, tout le monde est content. Je ne pense pas qu’on c’est fait arnaquer au final. Ce type a l’air vraiment gentil. Voilà, ça y est, on part. Il fait super beau, toujours, Edg avait sa vie dans son coffre de voiture, pas eu de soucis. Leaving San Fran. Petite tristesse, la chose que je hais le plus, qui me terrorise, c’est la fin. L’absolu du jamais plus, le temps passe, jusqu'à vieillir, bosser, et la grande, la mystérieuse mort. Et après ? La fin. J’évite d’y réfléchir, ça me fait tourner la tête. On s’apprête à quitter cette ile en avance du temps et des USA, pour vraiment débuter le voyage, le road trip dans l’Ouest. Un couchsurfeur nous a répondu, il habite à El Portal, la ville à côté du Park, on sera sa deuxième eCSperience de ce un jeune hippie qui bosse dans un bar. On sait absolument pas à qui s’attendre, on part à l’aventure totale et on prend des photos bleues. Galérant dans notre propre District de résidence, on attrape l’autoroute. 80th Freeway, Bay Bridge, San Francisco, over. I’ll Be Back
Les personnes qui entrent a SF par le Bay Bridge doivent avoir une magnifique vue sur les grattes ciels du Downtown, les quais des ports et la Coït tower, première découverte de la ville d’il y a 7 jours. Ça me semble long d’un mois. Ceux qui en sortent passent en dessous, sans même de vue sur la mer. On se fait aux soubresauts de l’autoroute en sale état, je comprends maintenant pourquoi on a des péages, et on cherche sur la carte routière à échelle grossière la route à suivre pour El Portal, à l’entrée du Yosemiti. On fait pas beaucoup d’autoroutes, ça a pas l’air trop dur pour autant. J’indique à Edg un mauvais sens pour prendre la freeway 580, y rectifie. South or North, c’est ça qui compte, ok. C’est bizarre de parler en directions cardinales ? On passe par Oakland, on n’a qu’une vue étouffée des banlieues de la Bay, puis on voit enfin la vraie terre poussiéreuse américaine. En double sur le CD des Black Keys, j’ai mis le Rubber Factory, clin d’œil au Rubber Soul des Beatles, bien plus gras et peu produit. Je le préfère largement à Brother d’ailleurs, mais quand même les Black Keys, ça me saoule vite. Ce p'tit côté rock anglais chialant, impédance, Philipe Manœuvre, East Coast ou je sais pas. On met le dernier album des TV on the Radio, y sont de la east aussi, mais Nine Types of Lights, viens de sortir et à l’air vraiment cool. Le bassiste du groupe est mort 9 jours après la sortie de l’album, cancer du poumon fulgurant. Paix a son âme, espérons qu’il ne l’ait pas vendue a Satan. Le début de l’album est une terreur. Second Song, l’ouverture, je l’ai déjà beaucoup écouté et c’est officiellement la meilleure chanson qui soit sortie cette année.
Ououou ou ou Every lover on a mission shift your known position into the light Ououou ou ou Ououou ou ou Every diamond elemental you are instrumental to the light Ououou ou ou Ououou ou ou Every sonic evolution make your contribution to the light Ououou ou ou Ououou ou ou Every lover on a mission shift your known position to the light Ououou ou ouPutain sa jette trop. Une centaine d’éoliennes gardent l’entrée des Dublin Hills. On attaque la montée dans ces collines désertiques séparant la Bay et la plage de la plaine de Californie. L’herbe est brulée, les collines sont un espace… Le ciel est bleu éclatant et l’air chauffé par cette fin de pic de chaleur de l’après-midi d’été qui nous arrive par bourrasque dans la gueule, fumant une roulée d’American Spirit, c’est la route qui commence. Un flanc ou une immense croix tracée dans la terre annonce « Jesus Saves ». Des chemins de terre semblent ne mener a rien s’égarent dans les collines, l’interstate passe au milieu de rien c’est fou d’être si proche de la mégaville. Redescente dans la plaine, l’horizon n’a jamais été aussi loin. On suit cette autoroute jusqu'à Tracy, sur de longues nationales. On s’arrête dans la banlieue de Manteca pour une découverte de la vraie Amérique du Supermarché. Ça semble bien moins reluisant que l’élitisme de SF. Le magasin est pas plus immense que les hyper français, mais y’a un petit quelque chose qui change. Des rayons entiers avec que des chips chères et en nombre et différences impressionnantes. Beaucoup de choix sur peu de différents produits, quelque chose cloche. Pendant 1h30 nous errons, tout perdus comme deux gabonais découvrant la Fnac. La caissière introduit la conversation, on lâche qu’on vient de SF et qu’on est français, ce qui lui fait nous parler gentiment comme à un couple gay. Les gens sont différents. Beaucoup de spécimens puent l’énorme 4x4, le barbecue et la revendication des casquettes-moustaches. On reprend la route alors que quatre jeunes aux cranes rasées et faux treillis se garent à côté de nous, dans un hybride de voiture et de camion pickup blanc sale. Même la milice fasciste, waouh, c’est où qu’on croise Mickael Moore ? On a essayé de faire dans le légume et fruit, ça présente pas trop mal, reste à voir le gout, Chips, Bagels, bouts de dinde déchiquetée, céréales au Cinnamon (on ne sait pas ce que c’est, mais y’en avais plein de ce gout la) et bières pour chez Fred. Il nous a répondu sur CouchSurfing. On sait pas trop de quoi il en est, il bosse dans un bar d’El Portal, on a juste eu deux mails de lui. Pas l’air bien bavard, mais ses quelques photos sont cool. À priori on peut être logé chez lui, faut juste qu’on essaye de le choper avant la fin de son service. De petites bosses sortent de la pleine prairie, gardant la même texture de gazon cramé. Les montagnes arrivent et le soleil se couche.
On a faim. Il nous faut un point de vue sur la plaine pour manger, les collines sont de plus en plus grosses. Celle-là sera parfaite, on sort de la nationale pour se retrouvent sur une mini route et on gravit la faible pente jusqu'à un portail avec masse d’indications de dégager. Une vieille usine bien à l’ancienne tourne en contrebas, crachant de la fumée noire et grinçante faiblement. L’imagination du gardien beauf et armée gardant son ramassis de vérins crasseux n’est pas très réjouissante. On monte un petit chemin en terre et arrive rapidement en vue d’une maison avec deux caravanes garées devant. Le chien nous rôde sans qu’on soit arrivé assez près pour le voir, et le fait savoir. Finalement on sera pas si mal à la voiture. Quand on arrive, le portail est fermé. On mange, assis et avec la musique, mais sans aucune vue du crépuscule de la plaine, on se fait mater par plein de pickups sales qui rentrent à l’usine. Louche cet endroit. On ne met pas le son trop fort et on dérape vite. Je prends le volant. On fixe par l’usage une règle, le copilote doit rouler des clopes à chaque fois que le conducteur lui demande et sans râler. On en profite pour finir une autre bière. Les collines prennent de la pente et on longe un grand lac bleu, le ciel est grenat et l’air est en or. Je prends les grands virages à la corde tendue. Edg me demande si je me fais plaisir, exactement sur le même ton que ma mère pourrait le demander à mon père. C’est le genre de moments qui me donnent envie de gerber, même si j’apprécie mes parents. J’fais déjà la même école d’ingé que popa, c’est plus que cinq cents fois suffisant. Alela Diane chante doucement, daddy prend sa carabine pour shooter des français, quoi ? Puis viens le son made in Pitchfork de Ariel Pink's Haunted Graffiti, tout 80’s kitch et de mélodie décharnée, pour aboutir à un refrain qui donne envie de triompher. Enchainement sur une hypnose a la guitare floutée et précise de Jose Gonzales, we need Hints, before we get tired. On monte dans la forêt et la nuit se pose. Un enfant de bouledogue me colle au boule dans sa camionnette du cul, les phares de route braqués sur mes rétros. Je m’arrête presque au milieu de la route pour le laisser passer, mais il a l’aire de bien aimer faire chier. On roule depuis on moment dans la forêt-noire et sans aucune vue ni repère on arrive à Groveland. Y’a plein d’insignes d’hôtels, de saloon, sur planche de bois grossier à la typo far west, this is it. C’est ici que t’écoutes un vieux morceau de Woodie Guthrie en 45 t, les pieds devant la cheminé qui bouillonne, dans une bâtisse en bois protégeant des ouragans de neige, des coyotes et des autres Lumberjacks. La ville est inactive, l’éclairage est faible et les restos semblent vides. On traverse juste. On est vachement monté en altitude, maintenant la route nous fait plonger dans la vallée, passant dans le Park pour en ressortir. La lumière blanche nous fait deviner une étendue sans fin déclarée de sapin, que l’on laisse tapisser au loin pour s’enfoncer profondément dans la vallée noire.
Une heure plus tard et un virage nous éloignant de la vallée sauvage, on arrive à El Portal. Il est 10 :30pm. La ville est enfaite un ramassis d’hôtels à touriste et de toute la nébuleuse accompagnant le voyage des Simpson à la montagne. C’est le deuxième Park le plus visité des états unis avec le Grand Cayon derrière les Great Smoky Mountains de l’Est. En bas de la station, cherchons un bar au nom d’Evergreen Lodge, rien. En fin de peloton d’immeuble, Edg demande à des vieux qui bossent dans une blanchisserie. Y connaissent pas, merde. On remonte à l’office de tourisme. Edg sort demander pendant que je fume une des dernières roulées, et met mon best of chronologique de Neil Young. Ouverture avec le rock country, entrainant et nostalgique d’Everybody knows this is nowhere. Là il y a du monde dans l’artère, et je me fais dévisager par les familles, garé à la zeub devant l’office avec dans la main ce que tout le monde semble prendre pour un joint. Edg claque la porte de la voiture. Ça a rien à voir avec El Portal, L’Evergreen Lodge c’est bien plus près de Groveland. Que faire ? Fred n’a qu’une seule eCSperience. S’il bouge de son bar, on dormira où ? C’est complètement désordonné, on n’a pas le choix de tenter de toute façon. On va tout de même pas mettre 50$/pers dans une vieille chambre ici. On remonte donc à Groveland, et qui ira vivra. Les gens pas drôles de l’office ont donné a Edg un plan pour aller au bar, mais il ne c’est imprimé que le trajet et pas la carte. NY : Don’t be Denied. Allrgiht c’est reparti pour la monté, un peu inquiet, mais toujours la bonne humeur. Dans la voiture, Edg a la plus mauvaise idée du séjour.
Ouverture du guide du routard à la page Yosemite National Park. On l’a pas trop ouvert pour l’instant, mais une section entière est consacrée à un danger qu’on ne pensât pas exister : les ours noirs. Ce mammifère omnivore a une population d’environ 500 bêtes de 250 kg de muscle dans le Park, et autres statistiques intéressantes, par ans, une quinzaine d’accidents voiture/ours et plus de 1500 voitures défoncées pour un casse-dalle. Les portes de tous types d’engins sont étonnamment faciles à plier pour le vrai roi des mammifères. Gush, il est tard, tout seul sur la route et en territoire ours. On aurait jamais dû ouvrir ce bouquin. Les tunnels qui traversent la montagne n’ont pas la même candeur qu’à la descente. On roule plus doucement. 40 minutes après être partie d’El portal, on voit une indication sur une p'tite route divergente : L’Evergreen Road. C’est un hasard ou le bar est par là ? Par déduction peu peureuse, on dit que c’est pas un hasard et on prend cette route ou il est compliqué de croiser, au milieu des arbres et des ours. On roule flippé à un vrai deux miles/heure. Les souches un peu trop hautes sur le côté de la route nous font sursauter, on sait pas s’il faut freiner ou accélérer, ça court vite un ours ? Ça sent la fumée, mais cette fumée a une odeur de sauce barbecue, si ça se trouve on est dans une zone où ils attirent les ours, pour pas qu’ils fassent de mal aux personnes d’ailleurs. Merde on va en croiser un, j’en suis sûr. Dans le Park, les rangers laissent les feux de forêt déclenchés par un élément naturel comme la foudre ou autre. C’est comme ça et l’Homme n’a pas à interférer, c’est brillant. C’est donc peut être un feu naturel, mais y’a une salle odeur de barbeuc et c’est pas normal. Après ¾ d’heure sur cette sale route qui fait que tourner, sans voir personne, on se demande ce qu’on fait, sérieusement. Faut faire demi-tour ? On est perdu ? Cette route arrivera bien quelque part, puis une de mes devises c’est « jamais faire demi-tour ». Un halo de lumière devant nous. Pleins de charmantes petites maisons en bois, des chemins en gravier allumé à l’aide de multiples mini torches blanches, des arbres immenses dans les jardins garnis de hamacs et autres jeux pour enfants, un grand panneau en bois avec inscrit Evergreen Lodge.
On ne sait pas trop ce qu’on fait là. On s’avance entre les bâtisses en bois, on trouve facilement le restaurant-bar ou sort une chanson de rock étouffé. Un groupe de jeunes fument à l’entrée. On va dire bonjour, et Fred sort du lot. You’re the french? Follow me. Trop facile ! Les jeunes ricanent, on suit Fred dans le dédale de la Lodge jusqu'à sa cabane en bois. Une plante cramée pousse dans une carcasse de tamtam sur la terrasse d’entrée, sur la porte est peint un Welcome fleuri. On entre, le salon vient d’être repeint en rouge mat. Fred nous accueille dans ces vapeurs de solvants en nous filant une bière brune excellente de micro-brasseur américain. Il sous-loue la chambre avec trois autres jeunes qui bossent aussi ici. La plus petite maison à louer est à 250$ la nuit, les clients sont en général des cardes de Google et au milieu de rien une centaine de jeunes hippies bossent ici dans toutes les taches nécessaires à un hôtel autonome de 300 personnes. C’est très plaisant de faire partie des invités. Fred nous conseille de sortir toute la bouffe et les poubelles qu’on a dans la voiture. L’ours est omnivore et a un odorat de 4 kilomètres, et personne n’a envie de se faire défoncer sa caisse pour des céréales dégueulasses à la cannelle (en goutant, on a traduit Cinnamon, manque de bol on aime tous les deux pas ça.) Edg arrive pas à atterrir, on est ici, c’est trop fou. Fred a de la barbe, de la moustache est des cheveux mi-longs brun foncé. Il vient du Connecticut, ce coin des riches retraités de New York. Il a passé un an à Chambéry, mais parle à une vitesse impressionnante qui rend son anglais dur à suivre et son français incompréhensible. On sur la terrasse de dernier la maison pour fumer des spliffs et boire nos bières. On est vite rejoint par une fille, Zia. Elle est tatooé et a un piercing au nez, designeuse en Illinois, venu ici pour la nature et l’escalade, comme tout le monde apparemment. Les bières sont finies, l’heure de bouger au bar. On déchausse les barrières d’un jardinet mimi pour couper le chemin, sans faire de bruit on arrive dans la cour fermé de gros graviers, de tables et de transats. L’arrière du bar donne ici et il y a quelques personnes devant.. Fred nous recommande de dire qu’on le connaît d’avant, il sait pas trop si les couchsurfeurs sont bien tolérés, si c’est bien vu de distribuer des lits gratuits. On joint un groupe de jeunes, qui ont l’air un peu saouls. Un grand dadais entend Edg s’expliquer sur nos raisons ici et en entendant Lafayette il intervient. Il y a passé toute son université et rêve d’y retourner. Les meilleures années de sa vie, semble-t-il. Il a une très grande gueule et nous raconte des histoires de son vécu. Il semble bien aimer l’alcool, il est complètement plein et nous parle d’une ville mormone dans un Dry County où il a été presque le seul et historiquement le plus gros consommateur du seul Liquor Store de la ville. Vous avez dit mormon, comme dans South Park ? Une fille mignonne me regarde fixement. C’est peut-être elle la fille de la discorde. Un vieux babos qui a l’air vraiment débile fait chier son petit monde. Il est co-turne de Fred. Le troisième est son bon pote, rasé sur les côtés, long sur le dessus et nous envoie deux/trois pics préventifs savamment dosés. Il ressemble à un chevalier et à l’air vraiment cool. Comme tous les ricains qu’on rencontre ou retient pas son nom, mais je l’appellerai John le brave. Un petit gros gangsta, tatooé, nous prend pour des merdeux et nous fait une démo de Dubstep qu’il va danser quand il le peut dans des clubs de San Frascisco. Il peut pas faire grand-chose en raison de la corpulence, et sans musique, sa donne un bon résultat… Heureusement qu’on a pas bu trois canons de plus, sinon on aurait explosé de rire. Pas mal d’autres personnes, on boit des bières qu’ils ont réussit à tirer à l’intérieure. Le bar ferme. On rit énormément fort, alors que tous les bourgeois dorment tout autour depuis longtemps. Au bout d’un moment on rentre à la maison où l’on continue de picoler les bières. Fred nous passe des musiques folk vraiment pointues et les trucs indie qui viennent de sortir. Si Jacques était là, il aurait pu prendre des leçons. Les compagnons qui nous avaient suivies se retirent vers les 4 :00 am, fait rare pour des ricains couche-tôt. Je gagne à papier-cailloux-ciseau contre Edg pour le lit de Fred contre le canap. Il va en profiter pour dormir chez Zia ce soir. Frenchies cupidon fidèle à la réputation. Je m’endors douillet dans un vrai lit, en me répétant que c’est complètement irréel d’être là, d’avoir passé une telle soirée.. Et on n’a pas encore rien vu de jour ! Ces vacances sont hallucinantes. Ce matin me parait loin d’une semaine.
As we walk in the park