Premier vue de SF
C'était un homme

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Jour 1


Réveil naturel à 7 :00 am. la chambre c’est peuplé depuis hier soir de gens qui dorment, qu’on connaitra pas et personne dans l’hôtel n’est bien sûr levé. On monte dans la pièce commune qui est jonchée de bières, de gin et de whisky sous forme de bouteille vide. Je raconte à Paul ce que j’ai fait hier soir, et promets de l’y emmener de suite. On quitte en vitesse l’auberge et on se paye un p'tit déj dans un coffee shop, au sens américain. 2 Grande Cafe Latte, with a Raspberry Muffin, and that weird fake croissant with white stuff on it. Please. C’est gras et pas très bon, pourquoi font ils ces trucs et les appellent croissants ? Le muffin est bon, et le café à la Starbucks c’est vraiment cool, sa se boit tout seul, pas comme un vieil expresso trop fort et finit en deux goulées. Le ciel est toujours blanc, la Transamerica laisse cette fois voir sa pointe. On monte un peu sur la route pentue, Edg hallucine déjà. On se calle en haut et on pollue les joggeurs qui font leurs étirements avec une bonne Marlboro bien méritée. On passe par un autre chemin, au milieu de maisons ultra luxueuses, jardinet pittoresque en terrasse avec vue sur la mer, la cote d’azur sans Soleil. Il n’y a plus cette lueur orangée sur la Bay, mais tout de même, ça a de la gueule. La Coït Tower est toujours indisponible au public, et les peintures ne plaisent pas à Edg. Des chinois sont plantés la et font leur kata, tranquillement dans leur monde zen et gigotant dans le vide. Un gros beauf a décidé de laisser sa musique country à fond sur le parking en contrebas. On fait le tour de l’esplanade sur les bancs en béton, comme des gosses, et ça fait chier les chinois. On redescend de la colline, admirant les bardages bois qui font un peu toc de ces maisons qui sont pas habituel. Ça fait pas cher et pas solide. Dans une petite rue, on sent un grand vent d’odeur de weed qui nous arrive dans la gueule. On se regarde et on rit, ben on pensait pas sa trop cool aux states. On est plus ou moins parti avec l’idée de baisser notre consommation du produit qui a explosé durant la fin de l’année scolaire. Mais c’est San Fran, y’a des hippies, y dois y en avoir aussi.. On traverse Chinatown, sur la route de l’hôtel. Edg trouve que c’est encore plus poussé dans le communautarisme (ou l’appropriation ?) qu’à New York. Le routard dit qu’ils sont effectivement plus nombreux ici. Les lampadaires, panneaux, même les jeux d’enfants sont à motifs de mandarin. On traverse sans trop s’arrêter, sous les guirlandes de verres et l’odeur d’épices a deux balles. La ville, ou du moins ce qu’on en a vu est jolie, mais ça n’a absolument rien à voir avec la beauté de l’Europe. Il ne doit pas y avoir de PLU ici, sinon comment on t’il put fourrer cette banque chinoise aux décorations de temples kaolin dans ce trou d’immeubles, sans aucune parure sur les murs adjacents, briques rouge et sale apparentes. Ça me choque presque autant que Edgar, grand archi urbaniste qu’il est. Hôstel, douche, on plie les bagages. On n’a pas encore de plans pour dormir ce soir, mais si on commence par deux nuits d’hôstel sans se poser de question c’est pas la bonne pente. On va refaire des demandes CouchSurfing, et sinon on dormira dehors. Quand on annonce ça a James, il nous prend pour des merdeux. Ben a quoi sa vous sert de voyager si vous avez pas d’argent ?? Ben à voyager trouduc. P'tite incompréhension culturelle, mais on arrive à quand même pouvoir laisser nos sacs à l’auberge pour l’aprèm.

De retour dans la rue grise, on veut accomplir notre rêve d’hier, d’aller à Haight Ashberry ! C’est la culture qu’on connaît le mieux, celle des hippies, et de voir ces pelouses ou une génération qui hante encore la plupart de la jeunesse, a vécu un Sumer of Love, en se gavant d’acide et de joints, ça, c’est culturel. Comme on a la flemme de payer, et puis qu’on aime bien marcher, on se met en route a pied, clope a la main. Au bout de la première mini cote, on réalise que c’est pas une ville pour fumeurs. Je découvre la rue américaine, les petites cours d’école en béton avec quatre terrains de basket empilés, les grands carrefours, les shops pittoresques, comme dans les films. On arrive à une grande cathédrale, un aspect ancien, mais un truc sonne faux. Y devrais pas y avoir d’anciens trucs ici. On rentre, et remarque qu’elle est faite en béton. Pas d’énormes fautes de gout, tout est bien comme en Europe, mais en béton… Whole Food Market semble être l’hyper le plus bobo du monde. Tout fait envie, mais tout est maxi chère. Mais tout fait envie. Consommation, quand tu nous tiens par la bonne bouffe. On craque pas, et on se prépare un p'tit pique-nique à base de sandwich tout fait, de chips et de bière. On avance, sur la carte on a repéré un Lafayette Park, c’est un signe, si sa se trouve un truc de fou va nous arriver là-bas. On regarde de trave une jolie femme qui fait chier son chien sur la pelouse, à part ça rien d’exceptionnel. Le parc est sur une petite colline, de beaux arbres, la bière est bonne et a un marketing d’enfer avec un démon et une moto en feu. Il fait froid et toujours pas beau. Dans un autre parc qu’il faut absolument faire selon le routard. Il y a des arbres immenses, rien de fou, l’attraction est enfaite une série de maisons, colorée, oké, mais somme toute très normale. Les Painted Laidies, de leur nom. En partant, on entend une fillette parler en français : « c’est le plus beau jour de ma vie, j’ai vu la maison de Charmed ! » C’est vrai, ça se passe ici Charmed putain, et toutes les maisons leurs ressemblent. On s’en branle des Painted Laidies, on veut voir la maison des Sœurs Halliwell ! Yaaah !!! On fait tous les tours de tous les blocks aux alentours, on trouve pas. On la connaît par cœur, on l’aurai reconnu si on l’avait croisé. Plus tard, la solution : Le sitcom est sensée se passer a SF, mais les scènes dans la maison se passent dans un studio, à Los Angeles. Fuck. Plus rien à foutre dans ce quartier bourge. On descend Fillmore Street, que j’ai déjà vu dans des trucs de Jazz, ou de Neil Young, on se rapproche de Haight, on le sent et on le voit sur la carte. Et on voit qu’on arrive, et ben rien. On doit pourtant être dans le quartier. Un vieux van et c’est tout, on monte voir dans le parc à côté, sur une colline, Buena Vista Park. On voit un écureuil et on se croit trop chanceux. Il a jamais dû être plus pris en photos, c’lui la. On se pose pour fumer une clope sur un banc, alors qu’on n’a pas le droit, la vue se dégage un peu, mais on voit tout de même pas jusqu'à la mer. On explore le parc pentu, personne, rien à voir, on redescend. Puis on atterrit sur Haight, la vraie rue, déserte. Pleins de smoke shop, des indiennerie, des magasins de musique. Mais personne dans la rue. On traverse, passent le croisement avec Ashburry, le sensé épicentre, et on arrive au Golden Gate Park, au bout de la rue. Bon, on va boire la deuxième grosse bière dans le Park..

On avance un peu parce que c’est aussi interdit de boire et de fumer dans les parcs. On se cale sur une butte où y’a déjà trois ou quatre groupes qui zonent. Ils ont tous une pipe à weed qui tourne. On n’avait pas vu le chemin qui passait derrière nous, et une voiture de police arrive, moteur éteint, furtivement, et nous montre les gestes à faire. On vide et on écrase. Fuck it, ils sont tous en train de fumer de la weed, pourquoi nous ? On commence à faire une sieste, mais le temps est bien trop dégueu. Il bruine, le brouillard est glaçant, on se croirait en URSS. J’vais parler à un groupe de jeunes filles. Elles viennent de l’Oregon, on 15 et 16 ans, ne font pas du tout leur âge, on une pipe et ont su cacher leurs bières. Un mec leur parle aussi, il doit avoir 3 ans de plus qu’elles, fait des études d’art à Berkeley, et a eu besoin de 2 buvards d’acide pour pleurer au concert de Bright Eyes samedi soir dernier. Edg me rejoint, et on pleure sur notre bière. Un type nous rejoins, il a fait dix fois le tour de la bute avec son chien pour rechercher son cristal, et nul doute que sa préférence a s’assoir ici plutôt qu’avec un autre groupe de type charclo se traduit par la présence des deux mineures, quand elles et le jeunes poète s’en vont, on se regarde, sans rien dire. Le temps est vraiment trop pourri, on claque des dents, on se casse en premier. On retourne sur Haight et on se met au chaud dans un coffee shop intello. Un mec passe un entretien à côté de nous, designeur, surement. C’est le ton de la ville. On regarde sur internet, les demandes CS qu’on a envoyé ce matin, aucune n’a abouti. On met une annonce sur le forum d’urgences de la ville, on sait jamais, puis on se remet en route pour le Downtown, en bus cette fois, on est claqué et le fait de ne pas savoir ou aller ce soir nous place pas forcement dans une posture idéale. Une fille nous entend parler français et nous interpelle. Elle vient de Paris et à presque finit une année au pair, elle garde les gosses d’une famille très riche qui ont lancé un site de réseau social professionnel qui a bien marché entre ces nouvelles technologies de la Silicon Valley. Dans son quartier habitent les cadres de Google, et autres. Des gens sympas, mais qui ont bien d’autres priorités que leurs gamins dans le tourbillon de la vie des dents longues. Elle râle comme une parisienne, mais nous donne des précisions sur la ville et comment ça se passe ici. Elle nous informe que la route de Big Sur est momentanément fermée, qu’elle a du faire un détour de 5h pour remonter à SF, donc elle nous conseille pas la cote. Elle peut nous avoir des places gratuites pour le musée des sciences, ne peut rien pour notre problème de logement, mais nous propose de bouffer ensemble ce soir. On accepte, et on se sépare au milieu du Financial District. À l’hôtel, Quentin squatte toujours là, tout seul, James le crétin a été remplacé par une demoiselle mignonne, qui comprend pas trop ce qu’on fait à dévaliser les coffres du salon, mais Quentin lui explique que c’est nos sacs. Il nous aura finalement été utile.

On se retrouve donc à déambuler dans le Downtown chargé, après une journée de visite assez épuisante du au 6h de marche qu’on a dû faire et aussi aux conditions climatiques à chier. Une citation en première page du chapitre SF du routard est une citation d’Hemingway, « Le pire hiver que j’ai passé, c’est un été à San Francisco ». On a nulle part où aller. Enfin si ! On va aux abords d’un Starbucks pour tchequer le wifi, rien de neuf, on se dirige vers un pub irlandais pour boire une p'tite pinte réconfortante et charger nos iportables. La soirée sera peut-être longue.. Puis il faudra bien joindre la parigotte. Bref, on est bien comme des connards jeunes. Le pub est comme en Europe exceptée le plafond immense caractéristique, après avoir acheté la bière et dégoter une table et y installer nos valises, on tend en souriant nos appareils au barman à la chemise sans manche, tatooé, surfeur. Au bar, une très jolie nipponne m’introduit la conversation. Je réponds, un peu gêné, et vais me rassoir. Elle me jette des coups d’œil, que je ne capture pas forcément. Elle mange, on essaye de se débrouiller. Elle part, et je demande à Edgar « Pourquoi j’ai été si con ?! » Mais j’aurais carrément dû aller la voir, elle était trop belle ! Un peu âgée, mais y’aurai eu ptetre moy se s’héberger.. On se reprend une pinte. La visite de cette ville n’était pas du tout folle, comme un lundi. Pas de wifi dans le pub, on doit retourner devant ce vieux Starbucks et Yes un mec a répondu sur CS ! Il a 30 ans et habite Mission, le quartier Latino. Il surement trouvé notre annonce touchante. On a un peu joué la carte des p’tits français pommés aussi.

Tout content on va rejoindre Amandine (je vais l’appeler comme ça) à un resto thaï. Je ne savais pas qu’il y avait une différence entre la cuisine viet chinoise et thaïe. On s’appuie sur elle pour commander un plat, le service est particulièrement mou et benêt. Amandine leur parle d’ailleurs comme a des chiens, c’est plutôt drôle car ils répondent en souriant. Elle est pas du tout assez dans les vaps pour SF, tendue par le travail et la vie à l’américaine dans ce froid fourbe. Elle est quand même discutable. Elle nous annonce que Mission sa craint un peu, bien sûr selon madame râleuse des beaux quartiers, mais on a vu et verra surement pire. On a même pas pris le temps de jeter un œil a sa page, ni de regarder une photo. Moi qui n’avais pas le iPhone en main, l’ai même pas vu. On est un peu des p’tits cons. On quitte le resto, content d’avoir parlé à une compatriote qui nous a bien expliqué ses vues de française. On fille a Market Street pour prendre le bus et on achète un p'tit pack de Leffe a l’épicerie de mex. C’est vraiment bizarre, cette omniprésence de la demande de la ID, quel ricain qui se prendra des cuites après c’est jamais pris de cuites avant 21 ans ? Ça nous fait rire, chez nous où on a le droit d’organiser des beuveries dans la rue. Mure qu’est l’Europe ! On prend le car, quelques jeunes, quelques vieilles, et beaucoup de pauvres. On arrive à côté du Valencia street at 24th street en une bonne demi-heure. On repère le numéro de la maison, on sonne, une ombre vient derrière la porte et nous ouvre

Cedrico ! Un grand latino massif, dégarnit qui a bien l’air d’avoir la peach de vivre. Il est habillé avec une casquette fluo et SF inscrit dessus, un peu street, marcel recouvert par une chemise à carreaux colorée, mais oui, qui respire la joie. Il nous fait monter directement a l’étage, on pose nos valises dans sa contre-chambre ou trône le hamac qui est censé nous accueillir tous les deux, puis il nous tire une chaise et on discute. Premier sujet de conversation : Do you Smoke Weed ? I don’t like smoking alone, but with people, it’s okay. Il prend son bang centenaire depuis sa commode, puis le charge de Marie Juana. J’ai tapé quelques douilles cette année, acheté un bang en plastique un peut flashy/sex toy/cage a hamster, et quand j’avais eu une journée vraiment trop à chier en stage, je m’cramais un p'tit dé à coudre de weedasse bien grasse, pas encore bien sèche. C’est cool, j’aime vraiment cette respiration d’air frais, mais Edgar n’y a jamais trop gouté. C’est vrai qu’en rajoutant du tabac avec, ça fait un peu toxico qui se fusille la gorge et aime tousser comme un connard. Mais sans, c’est une fumée douce et colorée, un gout de kiss kool en pas chimique, qui assomme vite la tête. On lui explique la technique de la rétention de fumée dans le tube, le pouce s’enlève, et la fumée monte. Cedrico ne le remplit pas comme je le fessais ! L’antonoir est plein à déborder, et on fume tous bien 5 fois chacun avant de le finir puis bien foncedé on enchaine sur nos p’tites Leffe fraiches. Cedrico est tout content d’en boire, il doit pas trop être porté sur l’alcool. Et fumer donne pas vraiment soif en général. La discussion qui s’en suit est passionnante et nous prend par les tripes. Cedrico nous fait l’état de sa ville, apparemment pas la même que celle d’amandine.

Il bosse comme cadre de haute fonction dans une entreprise sociale qui insère des handicapés plus ou moins mineurs dans le monde du travail. Un truc cool quoi, il fait aussi un peu dans les pauvres, et à 30 ans et ayant fait ses études et le principal de sa vie à Mexico, il se débrouille plutôt bien ici. Ça ville, nous explique-t-il, peut être résumé en un schéma très simple. La presque ile sur laquelle elle s’est édifiée, c’est les 3 côtés de la boite a chaussure qui sont occupé par l’eau, le vide, le pacifique, la Bay en est loin. Un seul des coté touche terre, la rationnelle réalité du continent rattaché. Et SF est bien hors de la réalité, et ce depuis toujours. C’est l’histoire de la ville, sous folie permanente. Ici, il se passe les trucs les plus fous et avant-gardistes du monde, nous assure-t-il, des gens cool complètement déconnectés. Déjà, 70 % de la ville ne viens pas de SF, que des émigrées plus ou moins assez riches pour pouvoir se payer le loyer bien plus élevé que sur toute la côte ouest. Toute la contreculture est partie de la, Londres se fait pisser dessus. Paris aussi. Les revendications sociales des 60’s et la musique qui devient un truc bien et essentiel dans la société, ça part d’ici, de Haight Ashberry et d’ailleurs. Les droits sociaux, comme des gays ou des femmes et leurs méthodes de luttes contemporaines partent d’ici. D’ailleurs on s’envoie des signaux avec Edg, comme quoi gay était le mot qui manquait dans la description de Cedrico. Il ne perd pas le fil de la narration sur les histoires fantastiques de son fief. Avant-garde et progressiste. C’est magique. Ici, au même nombre que les containers de verre, on collecte le compost. Les gens dans la rue sont d’un accessible, t’aides sans même que tu leur ait demandé. Se balader habillée comme le pire des artistes ou des crétins ne choque personne. Et tout ça est savamment arrosé par la technologie issue directe de la Silicone Valley. Cedrico touche son iPhone et nous annonce qu’il vient de verrouiller une voiture pour aller acheter des packs d’eau. Une zipcars, appli iPhone qui loue des voitures aux miles, sans aucune prise de tête de gaz ou d’assurances, des emplacements réservés sont présents dans toute la ville. Pas besoin de s’en occuper, mais toujours là. Et les voitures en jette, putain, des petites citadines toutes technologiques, une interface de ouf et jamais sale ou vieux. On peut même pour une p'tite liasse de billets en plus, louer des décapotables. Sur la route du supermarché ouvert jusqu'à 2h du matin ou peut être même toute la nuit, Cedrico nous parle de sa sexualité. Il est queer, une classe bisexuelle, libertine, et qui se questionne, enfin c’est la catégorie dans laquelle il se complaît le plus. Le mouvement LGBT, lesbian gay bi and transexual, tend même vers l’ajout de Q, queer, A, alliee, les mecs qui rentrent pas dans les cases, mais qui soutiennent. La notion de libération sexuelle est dépassée à SF, ici on pousse les gens à la bizarrerie et à se lâcher, à exprimer leurs envies primitives et profondes. Et on fume beaucoup de weeds aussi. Énormément même, l’état de Californie ayant lancé un referendum dans le printemps en posant la question : Légalise-t-on la Marijuana ? 54 % contre. Pour l’instant encore uniquement légale a but thérapeutique, disponible en dispensaires autogéré et indépendant, bien sûr, la manœuvre est de tout faire chapoter par l’état et payer les taxes dont personne ne se plaint. On a le droit de faire pousser, et fumer dans la rue est courant. Merde ! La beuh légale aux États-Unis d’Amérique. Kerouac avait dit vrai, l’ouest est véritablement peuplé de Barjos. Je me rends pas trop compte de ce qui se passe, mais on est déjà rentré chez Cedrico, il a acheté une grande palette de bouteilles d’eau au citron, peut-être être pour son boulot, et une glace Häagen Dazs au caramel et pépites de chocolats. On fout au congélo et regarnit le cône du bang, et on refait tourner. On ne va pas calmer la conso ici, c’est une évidence. On commence à raconter quelques histoires à nous, mais on est vite recaptivé par la suite des récits magiques de Cedrico. Des histoires de sa fonction professionnelle, comme quoi son travail, c’est comme : Un village africain se bat contre un élément naturel, la chaleur et la savane qui abrite des éléphants, qui sont le vrai problème du village. Détruisant les maisons et tuant parfois, le village ne veut tout de même pas exterminer ces animaux si puissants, pas méchants et de plus en plus rares. L’idée qu’il apporte est de faire pousser des bananiers autour du village. Les éléphants ne rentrent plus dedans pour les piétiner, le village est hors d’atteinte. Devenant du produit de qualité, la production de bananes augmente jusqu’à l’exportation à l’international, donnant un nom au village dans l’univers agroéconomique. L’argent rentre, le village se développe, la vie devient plus facile, l’occidentalisation enclenchée. On ne comprend pas si c’est une allégorie ou une histoire vraie. D’un coup il enchaine avec un discours hyper libéral sur les faibles et leurs inutilités et conclut par « Si vous ne vous en sortez pas, c’est parce que vous ne le voulez pas. Les pauvres n’ont qu’à bosser si ils le veulent vraiment ». Moment de silence. Puis il éclate de rire, en voyant qu’on a marché. Il enchaine avec la fête du sado maso a Castro le célèbre quartier gay. Une fête qui voit la rue se transformer en immense club SM, ou des hommes enchainés ce font fouetter en pleine rue, ou les habitants éjaculent à leur fenêtre et où des passants gobe, en dessous des fenêtres. Il continue avec des histoires plus toujours plus folles. On parle peu, explosé et preneur de ces délires. Il est 2 :00am, on commence à être crevé, et Cedrico doit bosser le lendemain, le décalage horaire joue rien contre cette beuhèr. Cedrico propose un film de chez lui. Je suis au milieu dans le lit, bien calé devant un rétroprojecteur bien positionné. La Haggen Dazs tourne, puis une petite douille qui passe avec. Le film, petit chef-d’œuvre du cinéma mexicain sur deux ados de la jeunesse dorée de Mexico qui décrivent une vraie réalité selon Cedrico. Ces deux définitions de jeune, qui se droguent et baisouillent a tous vas, se font lâcher par leurs copines qui partent en Europe pour un Summer Trip. Les deux tombent amoureux de la sublime femme d’un cousin lors d’un mariage princier, et l’invitent pour un road trip imaginaire à la mer. On s’endort très vite.





Je me réveille une demi-heure après devant cette sublime actrice qui se fait prendre dans une chambre d’hôtel par son beau cousin qui éjacule trop vite. C’est bestial et primitif et ça tend toutes les parties de mon corps. Une pulsion. Puis je sens Cedrico retirer délicatement ma chaussette de routard, et commence à masser mes pieds qui ont marché toute la journée. Il masse à la perfection. Mais c’est tellement bizarre, on est chez lui, je le connais pas, il est sexuellement déviant, on est défoncé, surtout moi, et lui me masse amoureusement mes pieds. Je n’ose pas bouger, je lévite au-dessus d’un canyon, je ne sais pas encore de quel côté atterrir. Un m’attire en me dégoutant, mais est pour l’instant physiquement si puissant et si agréable. Mais je peux pas, mes pulsions se rebutent quand j’imagine que c’est Cedrico qui pratique mon pied, ce mexicain baraque et vieux. Mais de l’autre côté, je peux pas refuser ces apéritifs, c’est bien trop plaisant. Cedrico commence à me masser mon mollet dandinant de muscles. Il passe à l’autre. Je dois intervenir, ça devient trop flippant. Mais on l’a vu, ce mec ne peut pas être méchant, il l’est physiquement pas, ça ne collerait avec le personnage qui nous parle depuis 5 heures. Edg ne s’en inquiète même pas, y dort ce con et se doute de rien. Mais moi, sans le froisser, faut que je lui dise quelque chose. Quand il passe à la cuisse, j’ai un mouvement de réticence, extrêmement léger, et Cedrico s’arrête. Il redescend au mollet, puis aux pieds, et se tourne d’un autre côté. J’en ai mal, faut que j’aille pisser. Je tremblote sur la cuvette des chiottes, putain, mais qu’es qui m’arrive ! J’suis pas attiré, j’suis pas gay, je le sais, il m’attire pas du tout, mais pourquoi j’ai ce trou noir dans mon bide qui aspire tout le reste de mon corps ? Et pourquoi je transpire et grelotte bordel. Je suis foncedé, mais c’est plus et cette douleur me fait mal. J’ai juste envie de me branler, mais j’ai peur que l’odeur excite la bête. Et que faire maintenant ? Je me cale dans le hamac, et je passe pour un mec grisé et craintif ? Est que ce filet qui m’a tant de fois retenu va provoquer cette gêne inutile ? Mais s’il retente dans la nuit.. Bon, je vais pas être chiant, il a pas été intrusif, je rentre dans la chambre qui pue la marijuana médicale et me recale entre Edg et Cedrico. Je fais attention à me coller contre mon p'tit Edgar chéri, aucun contact quelconque avec notre hôte, je déteste ça en plus. Je panique calmement. Je vois la pièce ce rapetisser, et je me dis que ça y est, le voyage dans ce pays merveilleux qu’est la Californie commence. N’ayant pas eu une immense expérience sexuelle, je ne me suis jamais de ma vie sentie dans cet état. Oh mon Edgichou que je câline dans mes pensées, qu’est-ce qu’on va bien s’amuser ici !

ensuite?