Pour la deuxième nuit dans la voiture, la chaleur nous empêche de dormir dès 8am. Les coussins sont pas miraculeux, mais rendent la nuit quand même plus confortable. Adopté. Plus de petit déj, on prend le temps d’émerger entre les montagnes arides qui se découpent à tout horizon avec le bleu brillant du ciel. C’est beaucoup plus espacé et moins escarpé que la veille, ça sent l’interminable désert. En pleine forme, on prend la route sur de grandes lignes droites parsemées de panneaux publicitaires, pour l’heure qu’on n’aurait pas voulu faire hier. Puis arrivent des miles de maisons pavillonnaires, collectives dégueu, on rentre dans la sphère de Las Vegas. Un énorme terrain où y’a rien, l’aéroport, et tout semble converger vers cette rue, d’où on voit des loufoqueries se rapprocher. US 3, avec un début qui tache. Rihanna Shut up and Drive, première chanson qui m’a finalement fait apprécier Rihanna, suivit de Guetta et Cudi pour leurs Memories de clubbing. Grosse ambiance, on passe au milieu de pyramides et de sphinx, des statues de la liberté devant des grands huis devant des buildings fluo et brillant, barres d’hôtels de verre immense, colisé et fausses vieilleries. La vieille hippie du Yosemite nous avait prévenus pour la tour Eiffel. My love, Justin Timberlake. On circule bien, il est encore tôt, sans savoir où l’on va on n’a pas trop le temps d’analyser tout ce qui se passe autour du boulevard complètement extravagant. Le Strip s’arrête presque net, sur une grande antenne qui ressemble à la fernsehtur de Berlin. Bifurquons et conduisons sous les palmiers sous ce radieux matin. Kanye West et sa bande sur All of the Lights, until it's Vegas everywhere we are. Aucune nouvelle des demandes CS qu’on a fait donc Edg avait checker un hôtel quand on était chez Alicia, il a noté la rue et au moment même où il m’en parle, on est arrêté au feu rouge du carrefour de cette Fremont Street. On choisit complètement au hasard pour gauche ou droite, de toute façon on sait que la décision gauche qu’on va prendre sera la bonne. Une minute après apparait l’USA hostel international. Edg va demander et je reste cuire dans la voiture. Y’a un parking privé et une piscine pour 15$ par personnes et par nuit, et en un quart d’heure on se retrouve dans un dortoir de 8 lits vides et d’une chaleur de chien.
Première chose, on met la clim à fond, puis nos déchets de légumes et accompagnements moisis dans le mini frigo. Ça sera notre premier chez nous du séjour, le prix et la piscine sont parfaits, et y’a même un Wifi gratuit. Je mets presque tout mon sac à la machine à laver à 1$, je propose à Edg qui met uniquement trois caleçons et un T-shirt au sale, et garde son short en jean. J’aurai jamais imaginé qu’il était si sale, enfin de facto non, je ne me suis jamais plain de son odeur. Poser dans les lits, on va tous deux à la suite vingt minutes dans la toilette/salle de bain pour se taper une queue et rincer la poussière des deux derniers jours. Le confort de glander au bord d’une piscine, c’est ce qu’il nous fallait. On est au premier étage de l’hôtel en U large et écrasé. Sur toutes les portes est peint un drapeau différent, et la piscine est au milieu. Notre chambre est en Suisses. Lunettes de soleils, livres, serviette et iPod, on se pose sur les transats en essayant de gratter le maximum d’ombre possible, mais c’est pas du tout évidant au centre de ce grand verre à whisky. L’eau de la piscine est pile assez fraiche pour faire oublier pendant cinq minutes cette chaleur cuisante. Arrive une fille avec de longs cheveux blonds, une peau un peu attaquée mais de taille filiforme, tête mignonne et maillot de bain un peu trop grand pour un remplissage tout de même acceptable. Elle glande au même rythme que nous, semble nous observer puis entame la conversation dans l’eau avec Edgard. Il m’appelle «viens, elle est allemande». P'tit tour de la phrase compliqué en allemand qui dit que je m’en sors pas très bien, et passage en anglais, commencent à être habitués. Juste après son Abitur, elle est partie avec une amie faire le tour du monde, avec pour objectif de trouver un endroit ou faire leurs études. Elles ont fait pas mal de pays d’Amérique du Sud, NY et plusieurs villes de la East, plusieurs villes de la West, Fidji, Australie ou elles prévoient de trouver un petit boulot, Thaïlande et retour en Allemagne pour noël. 7 mois de tour du monde pour préparer leurs études secondaires, ça se voit aussi à sa gueule que c’est une bonne bourgeoise. Elle pratique un sport qui consiste à faire des acrobaties sur un cheval. Elle a l’air un peu stupide, ou jeune, mais c’est plutôt sympa comme situation après avoir côtoyé uniquement Edgite pendant deux jours complets. Sa pote dort toujours. On glande pendant deux heures, bien.
On propose à Valeska d’aller visiter le Strip pendant l’après-midi. Elles avaient prévu d’y aller le soir mais veulent bien nous accompagner, tout en paraissant à moitié contrariées. Pour détendre, Edg lance un bon « plus on est de fous, plus on rit » bien dégueulassement traduis, ça fait pas même sourire Val. Bon, on monte se changer et propose de se retrouver dans la cuisine commune. Des énormes frigos alignés rendent la pièce intenable, et les odeurs de la bouffe des gens s’ajoutent à la chaleur horrible. Interdit de friture, tout de même, et ils s’accordent à refuser définitivement l’accès à la cuisine pour ceux qui oseraient ramener du ketchup ou de la mal bouffe en général. On mange les restes de légumes, les filles mangent une salade achetée bien fraiche. Michelle la deuxième Bavaroise tire la gueule comme une taularde. On essaye successivement de lancer des sujets de conversation mais tous tombent à plat. Pas très drôle, mais si le repas avait été bon, ça ne m’aurait pas déranger. Café clope qui étouffe et ralentis le cerveau sur le borde de la piscine, et on part pour visiter ce Strip. On a une voiture et ça à enchanter les filles, mais on a pas le gout de se faire chier avec elle et choisis l’option bus, contrariété supplémentaire. Edg et Valeska se disputent pour savoir ou prendre le bus, c’est Val qui avait raison mais Edg qui a le dernier mot, moi je cherche juste de l’ombre. Car tout climatisé, on change de suite et monte s’assoir au deuxième étage. Dix minutes d’attente, puis on part. J’essaye de parler aux Allemandes mais sa passe pas trop, elles me disent qu’elles écoutent du Rn’B pendant que je qualifie ce genre comme le truc le plus inécoutable. J’avais pas compris. J’abandonne à leurs prétendre de l’intérêt. On a une vision brouillée du Strip car sur le car est collée une grande publicité pour un spectacle de Chippendales. D’ailleurs tous les taxis, bus, voitures sandwiches qui passent semblent toujours piochent dans un panel d’une dizaine de pubs différentes. On veut remonter le Strip jusqu’au bout et de revenir à pied. Le bus à une vitesse d’un motoculteur électrique dans un bac à sable, mais est heureusement climatisé. On attend patiemment heure et demie avant de pouvoir sortir devant le Louxor. Le sphinx est blanc immaculé, laid comme du béton ou du plâtre, et tous les ornements font vraiment papier mâché. Il fait tellement chaud que je tire que trois lattes sur la clope que j’ai tassée amoureusement pendant la moitié du trajet en bus. Cowboy vs Alien – something you’ve never seen. New York New York, avec un château de poupée ou passe le grand huit, j’étais pas au courant du passé médiéval de la ville. Sur les remparts qui fait un second trottoir au boulevard, plein de Mexicains qui vendent des bouteilles d’eau, et beaucoup plus qui donne à la volée des cartes avec des filles nues, des étoiles devant les tétons, un numéro de téléphone et un prix. En plein milieu de l’après-midi, sur le boulevard principal d’une ville américaine, à la vue de tous les enfants. Même si la prostitution est interdite, je pense pas que ces demoiselles soient juste là pour faire tomber leurs sous-vêtements. C’est n’importe quoi, et les Allemandes qui se détachent de nous trouvent dégueu qu’on ait les poches pleines de cartes. On rentre dans le casino de New York, enfin de la clim et les salles de jeu sont fumeur. De quoi ne donner aucune raison de sortir à l’extérieur. Les machines à sous clignotent dans cette immense pièce sombre, des tables avec les croupiers bien habillés, moquette par terre. On continue, pas venu pour voir NY et passe de l’autre côté du Strip, Coca Cola Store en forme d’immense bouteille en verre, directement collé au MnM’s store. Super ! Gunshow – Have you ever shoot with an M-16 or an AK? Les Allemandes veulent aller manger quelque chose au Hard Rock, qui a une façade en Les Paul à néon géante. Les filles se font placer direct, on fait un tour pour voir les collections. Y’a la guitare de Panic at the Disco, je connais pas le band mais le cousin de Fred joue dedans et il nous a proposé en vitesse de se faire héberger chez lui quand on serait à Los Angeles. Sa aurai pu être cool. On commande à une tatooé qui se présente, trop sympathique, même si on a faim on se contentera d’une pinte chacun. La serveuse nous propose un truc qu’on accepte. Les filles mangent leur truc et répondent à côté de nos questions. La serveuse nous apporte deux gros verres. On se fait chier, je regarde les clips de pop mainstream à la Keane qui me font re penser l’enseigne. La note : 12$ la bière. On appelle la gentille serveuse, lui explique qu’on peut humainement pas lâcher 25 $ pour boire une bière quelconque, et que les verres on s’en fout. Énervée, elle prend les verres et la note et la rapporte cinq minutes plus tard, sans un mot, divisé par deux. Et alors on lèche plus les fesses des radins qui auront peu de chance de lâcher un pourliche ? Je rejoins Mr Pink, ce système de tips est vraiment faux, l’intérêt est complètement orienté, si t’es un pauvre, t’es moins bien traité, c’est sûr. Et si t’as un décolleté, t’es plus tippé. Et moi aussi j’ai besoin d’argent, s’ils sont pas bien payés, c’est pas de ma faute. Puis sa place le consommateur avec trop de choix, y’a une norme mais qu’on est pas obligé de respecter et naturellement pour avoir un gros sourire et l’illusion d’un moment agréable pour tous, il faut augmenter la dîme. On laisse un mot de remerciement sur la note et nos centimes, certain que ça l’énervera encore plus. En sortant, Billy Corgan parle de 1979, seule chanson acceptable qui est passée. Devant un bar à glace enterré et qui recrache de la fumée blanche et des vagues de vents climatisés, les deux Allemandes veulent se faire prendre en photos avec Mario et Luigi. Edg les shoots ridiculement, ça fait bizarre de les voir sourire toutes les deux en même temps. Enfin elles se mettent à râler quand elles comprennent qu’il faut donner un tip. Ben oui, ils font pas ça pour le plaisir, et la rue est vraiment remplie de ces figurines. Ceux dont on voit pas leurs têtes, je suis sûr qu’ils sont mexicains. Davis Copperfield – A Legend of Magic. Dans le Bellagio, on prend en photos les filles devant la fontaine du hall, si c’est dans Very Bad Trip ça doit être culte, elle nous propose et on y passe aussi. Bien attendu, mais sa nous démange, on va aller claquer des sous. On regarde les tables, pas envie de perdre 50$ d’un coup au Black Jack ou Poker ou les sommes minimales sont bien trop importantes pour les novices que nous sommes. On choisit la roue de la Fortune ou les mises minimums sont de 2$ et on se fixe cette limite par session de casino. Les deux pas drôles se font dégager parce qu’elles ont pas 21 ans, et pas moyen pour elles d’approcher une table. Elles servent vraiment à rien ces filles. Mise sur le 2, gagnant. Val nous fille 2$ en douce, la croupière le capte et s’énerve, puis finalement nous casse pas les couilles. On mise sur le 1, Val sur le 2, on regagne et val boude. On joue pendant une demi-heure avec nos uniques deux dollars, qu’on perd finalement, alors que la boule s’arrête à une case du jackpot 40 sur lequel on avait misé. Pour n’avoir jamais joué, ça procure un sentiment vraiment spécial, de stress émotionnel agréable et l’excitation que manifestement seule une grosse somme pourrait calmer. Ça rassure Edg que je ne sois pas trop comme ça, je peux contrôler nos finances. Comme on l’a fait l’année dernière toutes nos dépenses sont communes. Ça facilite tout, et on contrôle plus ce qu’on paye, si ça vaut le coup. Enfin encore faudrait noter tout ce qu’on paye. On passe devant le Paris, ou on s’arrête pas, peut-être parce qu’il y a pas de porte de Brandebourg sur aucun casino. Cirque du Soleil - Viva Elvis. Le Cesar palace pue l’aberration, une avancé de toit ridiculement grande, des colonnes sont coulées sous une injection massive de fioriture kitch, des détails architecturaux apparemment inacceptables, Elton John, Céline Dion et Rod Stewart en portrait géant sur le colisée. Nasty Girls – hottest chicks in Vegas. On commence à avoir faim et les filles veulent partir faire leurs trucs, on se dit un hypocrite « see you at the hostel » et on rentre dans le MacDo du Strip. Le pied de l’immense M est posé au milieu de la rue.
Rien d’anormal, on se resserre trois fois de soda pour affronter la toujours très chiante chaleur du désert. Dans un nouveau délire on prend la passerelle réplique du Rialto avec quatre voies piétonnes motorisées. Sur une plateforme zone l’entrée d’un vieux musée de Cire bondé de touristes, puis de l’autre côté du boulevard à dix voies, la basilique St Marc devant le plus grand hôtel du monde, Venezia. Blue Man Band – the best musical show ever. On peut enfin commencer à faire les cons sans nous faire couper notre énergie par la gueule vide de toute joie de ces deux grosses lourdasses de boche. J’aime ces moments de connexion intégrale avec Paul. Venise, c’était la fin de notre voyage de l’année dernière, quatre jours à dormir sur des plages croates, dans des trains, et déambuler pendant une journée sale de mer et crasse dans ce bout de ville embourgeoisé de tous les magasins de mode et de tourisme amoureux. Faire trois fois le tour de la ville entre ses ruelles et canaux, se laver aux fontaines, rires des gens chiants et des Asiatiques sur leurs gondoles. Avec les trous dans nos comptes en banque respectifs, on a dépensé deux euros chacun dans toute la journée, puis pris un train au hasard pour se rapprocher de la France et passé la nuit dans la gare de Turin à dormir dans un couloir avec des jeunes qui puaient plus que nous. Venezia nous rappelle de bons souvenirs, et quand on rentre dans ce casino, on hallucine tout simplement. On tombe sur un canal à l’intérieur, incroyablement long avec une immense file de touristes attendant pour traverser cet immense centre commercial gondole. La fausse rue est remplie de magasins de luxe, cent cinquante boutiques dans tout l’hôtel. Le plafond est une imitation ciel d’où l’éclairage dépend de l’heure de la journée. On arrive sur une immense place avec des imitations de terrasses de cafés, le canal continue un peu et finit par se jeter en cascade, à côté de l’accueil de l’hôtel. Point de « trop vu de merde » atteint. On veut rentrer à l’hôtel. Il fait nuit et les lumières du Strip brillent comme des lampes tue-mouches alors que le coucher de soleil n’est plus qu’une empreinte à l’ouest. Cowboy vs Alien – something you’ve never seen. Boutiques de grands couturiers qui attendent à la sortie du casino. Sur les trente plus grands hôtels du monde, y’en a 22 à Las Vegas. Vidé d’énergie on attend devant un panneau publicitaire du Wynn avec une définition de fou et la base de l’écran géant qui monte et redescend. Steve Wyrick – Ultra Magician. Un bus express arrive. À peine sortie du Strip, des terrains vagues, des blocks en friche. Des bâtiments miteux. Edg est assis à côté d’un chinois et comprend un mot sur deux, il est surement fou et parle de violence, mais rit avec Edg. Il l’invite je sais pas où. Le bus est dirigé sur Fremont Strip Experience, c’est notre rue mais on sait rien de l’expérience.
En sortant, on tombe immanquablement dans une rue piétonne avec un écran de télé géant qui recouvre la rue sur quatre blocks de long. Il fait jamais nuit ici. NetchiXX. Tous les sons de la rue sont en fonction de l’écran. Des façades de casinos, de la foule, cette chaleur étouffante. Des bruits de rails métalliques et des cris, une tyrolienne qui passe au-dessus de tout le monde sur deux centaines de mètres. Des gens déguisés, des touristes, des déchets. David Copperfield - alter your reality. J’étouffe et en ai des vertiges, je demande à rentrer vite. Un gros groupe plus compact et avec des caméras, qui se déplace vite, Jean Dujardin au milieu. Depuis un gars, une fille, il a bien son chemin en Amérique, lui. Qu’est qu’on fait ici ? On descend Fremont Streets et sort de sous le demi-arc de télévision, mon dieu de l’air. C’est bien plus populos que le Strip et les folies du monde. Plus on descend la rue et plus c’est ghetto. Des hôtels de quatrième zone, avec piscine à même le trottoir. Des clochards étranges qui louchent. Les flics qui passent. On arrive à l’hôtel, mal éclairé. La piscine ferme à 9h et je rêve d’y plonger. Les lumières de la chambre sont allumées. On entre et voit trois mecs, clubber portugais qui parlent fort. Y nous calculent pas. On pose nos sacs et leur dit bonjour, ils nous remarquent enfin. "Qu’est ce que vous faites ce soir ? - On va peut été pas trop trainer, bien fatigué de la journée et des jours d’avant. - Nous on va faire la fête avec l’hôtel. We’re gonna party men, it’s Vegas !" Dans le frigo y’a une grande bouteille d’Erristoff duty free pas encore ouverte et un pack de bière ou il en manque deux, et ils ont foutu notre bouffe moisie sur le frigo, à côté de deux litres de Jack Daniels pas encore ouvert. Les cons. Je descends me rafraichir à la piscine éclairée. Chute de température, je pense qu’ils la climatisent aussi, cette piscine. Calé seul sur un transat, un mec qui m’observait en train de fumer une clope vient me parler. Je lui en taxe une. Il vient de Bavière comme les filles pas drôles, il a voyagé seul et s’appelle John. Dans deux jours il rentrera chez lui. Il parait très gentil, et il me demande si on vient à la sortie prévue par l’hôstel. Vu que le rendez-vous dans le hall est dans cinq minutes, je réponds que non. Edg arrive sur ces faits. John part dans le hall et on se regarde avec Edg en souriant. Et pourquoi pas, on est fatigué et sale et pas prêt du tout et puis le lieu m’a assez tendu, mais ça a l’air d’être une ville pour s’amuser ? Clubber ? On remonte dans la chambre, puis en une magique seconde de prise de conscience on met vite nos habits les plus sérieux, déo, clopes et on descend dans le hall.
L’organisateur vient de finir son speech sur le déroulement de la soirée. On demande à se rajouter, y reste pile deux places. Le temps de retirer à la cashmachine de la réception, présenter nos 21 ans, on file 25$ et le gentil organisateur trop motivé nous mène a un gros 4x4 de colonie. On n’a pas recroisé Cheval, toute façon elles sont trop jeunes pour la soirée. Cheval c’est le surnom de Valentiska, plutôt que de se faire chier à retenir les prénoms on va donner des surnoms aux gens, et cheval pour l’Allemande qui tire pas un sourire c’est parfait. Sa copine on s’en fout, moi je l’appelle Quasi pour Quasimodo, même si c’est méchant. Le mec qui organise la soirée, ça sera Gras. Il est un peu gros, mais c’est surtout sa personnalité qui a l’air grasse. Y met une grosse techno à fond et nous emmène dans la rue parallèle. On essaye de savoir le programme mais on comprend pas grand-chose, là on va dans un bar pas trop cher pour commencer à se saouler.. Un bar country. Le videur check nos ID quand il prend la mienne il s’exclame "Hey you son of a bitch" qui fait éclater de rire toutes ses baraques de potes. Je baisse les yeux. On achète deux demis à 2$, et se cale au fond avec John. On a pas eu le temps de se préparer le foie, et j’ai pas envie du tout d’aller en club sobre, j’ai jamais fait ça de ma vie, mais de me saouler à la bière dans un bar de Redneck, non plus.. Y’a des fourches accroché au mur, des fusils, des vieilles cartes, et un groupe installe son matériel. On prend trois bières chacun, six pour John, et on s’en va alors que la jolie guitariste tape son premier accord. 4x4, son de merde, l’autoroute pour aller dans le strip. J’suis à côté d’un portos, surement le plus con. Il fait que me dire "cmon men, it’s Vegas" pour pâlir à mon manque d’alcool et d’entrain. Il a une voix entre le castré et le passionnée. Ça me fait bien rire. Gras conduit vraiment comme un gros tocard, arrivé au parking il se prend un trottoir qui nous fait tous sauter en l’air, il s’en branle et rigole comme un gros sac avec son pote. Il a l’air brillant aussi, son pote. "cmon men, it’s Vegas". On rentre dans le Louxor, qui allume le ciel avec un grand projecteur partant tout droit du sommet de la pyramide. Hauteur de plafond délirante. On rentre directement dans la boite et on se fait briffer par Gras. Il fait son cake et annonce que le groupe pars a deux heures qu’importe les gens présents, et après on ira dans un club de Striptease. Son pote le grand Beauf de France ajoute des blagues débiles. Y’a pas de conso gratuite, et y’a pas grand monde. On commence à danser en se regardant, gêné, c’est une boite et tous les trois on acquiesce qu’on peut pas faire ça sobre. Se plier au matuvisme, à cette uniformisation vide, c’est faisable et sa peut même devenir très marrant, mais il faut être vraiment bourré. Première bouteille de vodka à 120$. Gras nous repère et viens nous éclairer. Il nous emmène dans une épicerie à côté de la boite, à l’intérieur du casino. On chope 1L d’Absolut et des jus de fruits mignons pour 40$, et un paquet de Marlboro. J’me demande comment on va boire ça, et gras me regarde en souriant, sans soucis. On prend quatre chaises de machine à sous, Beaufdef va choper des gobelets au Starbucks, rapatrie deux cendars et on s’installe au milieu du casino, de ses vigiles et joueurs puis Gras nous remplit nos gobelets de la vodka, et lui, John, moi et Edg on tise pendant que Beaufdef nous regarde. La bouteille est bien en vue, et on ne joue pas. Vegas Baby, que gras arrête pas de dire avec son même sourire de fierté. Le droit d’être complètement bourré dans un endroit où tu rêves d’une chose, d’argent, possible à tout moment. C’est bien marrant. Paul a plus de mal avec ça et est excentré, boude Gras et Beaufdef qui nous racontent leurs exploits. Hier à 5 :00am, Gras à gagner 1500$ au poker, avec une base de 100$, puis à 6 :00 am il a tout perdu. À midi Beaufdef a joué à une machine de tombola gratuite, et a gagné un menu au resto du casino. Tout contant il est repassé devant en fin d’après-midi et a ré appuyer sur le bouton et à gagner le gros lot de 2000$. Il est allé voir pour les faire retirer mais la modalité de jeux c’était d’avoir le droit à un essai par jours, il a perdu 2000$ pour un repas et en est dégouté. Beaufdef nous fait deviner son âge. 45 ans, ce grand crétin. Il me dit qu’il est sûr que je fume des joints, il est tout content de lui d’avoir trouvé ça. J’ai un polo puma vert avec des petites bandes rouge et jaunes. Après il me demande si on vient de Cincinnati et ça fait explosé Gras de rire. On sait pas pourquoi. Edg me dit qu’il veut que je lui tire une balle dans la gueule s’il est comme ça à 45 ans. Gras vient d’un coin paumé du Canada, il a une grosse pate d’ours tatooé sur le torse, et il est assez marrant finalement. Je lui donne une clope et il me donne 1$ en insistant, suivi d’une expression trop libérale. Il a dû être attiré ici par la lumière. Il a déjà vu un mec sauter des immenses balcons qui nous surplombent, tapissant les pans de la pyramide géante. Vegas baby. On a pas trop pris l’habitude de boire de l’autre côté de l’atlantique et plus la fatigue bien accumulé, le verre est en train de nous déboiter la tête. Beaufdef dit à l’allemand de le suivre pour lui faire gagner de l’argent. Il revient cinq minutes après avec un ticket de machine à sous de 15$. John est tout content. Gras le prend et le met dans la machine devant nous. Il perd tout. Vegas Baby. C’est l’heure de danser. On finit nos verres cul sec, Edg en fait couler plein sa barbe et le videur qui le croit trop saoul veut pas de lui. Gras viens et dit que ça va, il les connait bien parce qu’il amène toujours ses touristes ici et s’est déjà arrangé avec eux à cause de filles mineures. On va directement sur la piste et on danse en cercle. Les deux GO se cassent vite, le son est pas si horrible, c’est des tubes de l’année mais juste assez remixés, et la salle est bien plus remplie. Je déteste danser en cercle. Des pouffies qui ont remarqué notre remarquable aptitude à la compréhension de la musique et notre aisance à l’extérioriser, et qui sont du même hôtel, nous rejoignent dans le cercle. Une troisième qui a l’air plus sympa arrive, dans le noir je trouve qu’elle ressemble à Lucie. Je la drague légèrement, lui parle à l’oreille. Elle est suisse allemande et connait un peu John, qui lui parle dans l’oreille de l’autre côté. Edg me prévient qu’elle est pas si jolie du tout.
Sans avoir arrêté de danser, on rejoint tout le monde dans les néons bleuté du hall. Trois pouffies sont rentrées en taxi. On passe devant l’épicerie et Gras refait son speech sur les épiceries de casino. Les portos achètent une grande bouteille de Smirnoff Ice. À l’entrée du casino on attend que la limo du club du Sapphir vienne nous chercher. Gras nous dit que c’est le plus grand club de striptease du monde. Tout le monde est en chaleur de monter dans une limousine, sauf Edg qui préférerait rentrer. Lucie est pas si jolie, mais m’intéresse quand même. Elle me parle de son copain qui connaît Gras. Quand la limo arrive, les Portugais sont comme des chattes devant du pâté. Gros son club comme toujours, des petits néons dégueulasses de partout, Sapphir gravé discrètement en bleu sur les huisseries de bois grossier. Y’a un joli bar plein de belles bouteilles de verre vide. On boit dans la fiole de gin de John. Les portos parlent à Edg comme une merde, ils ne comprennent pas qu’il est fatigué, « cmon men, it’s Vegas » et lui demande de les prendre en photo en position guettakek. "We allll looove Vegaaas" chante-t-il. Je sens qu’il rigole à moitié, pourtant la scène est super drôle pour l’artiste photographe. On a passé nos deux dernières nuits dans notre voiture, dans le désert, roulé comme des beatniks pendant une semaine et demie et découvert les trucs les plus fous auquel on pouvait s’imaginer et là on va dans un club de striptease en limousine. On s’en rappellera. C’est pas dans le centre du tout, un espèce de hangar avec des projecteurs et un énorme saphir de bleus néon sur le toit. On est accueilli par les plus grosses montagnes noires que j’ai jamais vues, avec les tonfas sortis à leurs côtés. Passé le couloir, une salle immense avec un podium au milieu, une dizaine de filles dansent les seins nus et quatre cents autres circulent en maillot de bain dans la salle et discutent avec les clients, sont dans leurs bras sur des canapés ou remuent leurs boules à dix centimètres de mecs en costard allongé sur des fauteuils de cuir. Gras nous met en garde, c’est des vraies putes, elles repèrent les gens bourrés et les attirent dans les pièces et leur sucent la queue et ils doivent payer 400$ sous peine de se faire défoncer la tête par les vigiles. On a une conso gratuite, Edg me donne la sienne. "cmon man, it’s Vegas". Les portos font moins les fous au milieu de toutes ces chattes. Edg déteste voir ça, comme à Prague l’année dernière. Misogyne et moralement dégueu pour les filles qui sont rien qu’un vulgaire objet. Je prends un Mojito bien corsé. Une brunette sans gros seins mais vraiment jolie viens parler à Edg, et une blonde a gros seins arrive vers moi. Tout naïf, je lui dis que j’adorerai parler avec elle mais je n’aurai pas l’argent pour aller plus loin. Elle se barre et bizarrement plus personne ne me parle. Les filles me regardent plus. Erreur Fatal. Game Over. Dehors PAUVRE INUTILE. Même excité comme un bongo elles savent que je pourrais rien leurs donner, ce qui est faux en plus. Je vais voir Edg qui parle avec sa brunette et est tout content. Je la vois discrètement envoyer des textos. Toutes les filles chattent en permanence, et toutes savent à tout moment qui est qui et qui fait quoi. Moi je suis le fauché qui ne pourra faire que regarder. Paul Edgard en rigole. Je prends sa deuxième conso, je veux un autre mojito mais le barman n’est plus cette jolie créature bronzée au maillot de bain rouge. Il me dit non pour le mojito. Je demande un cocktail et il me dit non, je demande s’il a une autre bière que de la Bud et il me dit non. J’insiste avec un zeste d’énervement et il me lâche une Heineken. Edg est toujours avec la brunette, il s’est fait captivé et aurai presque envie d’aller plus loin. Il a essayé de la convaincre que c’était pas ce métier qu’elle voulait faire, elle le convainc pourtant que si. Moi j’erre, je grille les clopes et regarde Lucie et John parler en allemand, ils ont tous les deux l’air outrés, John a surtout l’air de vouloir niquer sans payer. Devant les danseuses, raide. Je me fais chier. Quand je remonte voir Edg, la plus moche des filles, blonde et marqué « beaucoup trop de botox » sur son front me parle comme à un chien. Je suis tout content et lui répond, et je sens instantanément clope et bière s’envoler. Edg à côté du bar, surplombant la petite passerelle, les a dans les mains, me gueulant que la pute à qui je parle est hideuse. Je l’insulte et lui demande de me rendre mes seuls passe-temps. Il veut pas. Je mets la main sur la bière mais Edg lâche par et me mords la main. Je l’insulte et pars. Il me rattrape au milieu de la salle. « Pourquoi tu t’énerves mec ?
Il me tend la joue. Je serre les poings. Il me regarde dans les yeux et le répète. Vas y tape. Deux longues minutes passent. Il me casse les bonbons et m’invite chaleureusement à lui rendre en pépite. J’ai jamais mis de droite à personne, sa pourrait être l’occasion. Puis réclamer la droite c’est pas une façon digne de régler un conflit. Je pense pas aux videurs qui nous auraient violemment éjectés du club et j’hésite vraiment. Trop lâche ou pas assez raide, je me casse en l’insultant. Fume une clope devant les danseuses.
Sur le point de partir, je croise Beaufdef. Il est au maximum, tout excité, parle salace à tout le monde. Il hurle qu’il a organisé un strip gratuit pour les portos et que ces puceaux ont refusé, ça le scandalise et le fait rire. Il est vraiment con ce mec, bien plus que Edgard et moi. Personne n’a fait d’affaire, on rentre. Si on lâche tous quinze dollars par nuit on risquerait pas d’en lâcher cent pour qu’une fille danse sur nous, en général. Assis derrière lui dans le 4x4, je mets un petit bol à Edg et lui rigole dessus. Il m’accompagne. Réconciliation facile. Les portos veulent pas se coucher tout de suite et Gras les lâche au milieu de rien. Je me demande ce qu’ils vont faire, ils seraient capables d’aller se payer une pute. Puis je me rends compte que j’en ai strictement rien à foutre.
Edg monte directement se coucher et avec Gras et John on raccompagne Lucie à sa chambre. Je file l’alors dernière clope à Gras qui ne me redonne pas 1$ cette fois. Il monte se coucher et on discute en regardant fixement tous les deux Lucie. On essaye de trouver des portes pour qu’elle invite l’un de nous deux à rentrer. Y se passe rien elle rentre se coucher avec un grand sourire pas très bien camouflé. On se regarde avec John comme deux gros couillons assis sous les escaliers devant une porte en drapeau grec, et on explose de rire. Je passe au deutsch zu sprechen avec une voix grave et forte. On enlève nos habits et plonge dans la piscine en criant des conneries en allemand, et en riant vraiment gras jusqu’à ce que le mec de l’accueil arrive et nous engueule pour le bordel alors que c’est interdit de se baigner depuis longtemps. On se bise chaleureusement et rentre dans nos chambres. Sacré John le bavarois.
Je me pose sur mon lit, et réveillé par l’eau tape un mail à la France. J’y suis super optimiste, parce que cette ville a vraiment l’air pauvre d’intérêt, mais je m’endors en riant, une autre journée folle, on en aura des choses à raconter.
jour 12