Printemps 2015

Bon je comptais écrire sur cette première semaine militante, mais au lieu de ça j'ai bu une bouteille de vin avec Saber et Sofya, deux personnes avec qui j'avais pas encore trop communiqué jusque-là, et c'est bien comme ça. Je remets donc cette discussion à plus tard.

Avec un pain de mie Harry et le reste de ma sardinade d'hier, le vin d'Hausseman est d'autant plus revigorant. Ça me redonnerait peut-être même l'énergie d'écrire un peu. Pourquoi pas, vu que finalement que m'importe il de plus, à part de voir une cinquantaine de personnes en prison, mais qui bougeront jamais de leurs sièges du CA d'entreprises de merde. Pourquoi pas retranscrire un peu ces quelques jours qui, à terme, qui sait, pourraient sceller notre sort. Me voilà reparti dans mes triturations de bourré, sauf que la je veux plus les voir morts, quoiqu'ils le méritent.

Mes mains sentent le savon, ce qui donne une odeur particulière de bébé à ma chambre

C'est peut être sous de meilleurs termes que je pourrais raconter ce qui c'est passé à mon Ben

"Je voulais t'écrire un résumé de ma semaine militante, au lieu de ça j'ai bu du rouge avec un coloc, et je t'envoie cette chanson de rap que tu vas pas aimer, mais que je fais qu'écouter"

yo

récupération

yoyo

Alors ça fait quoi d'être militant, de défendre la cause de la justice et la démocratie dans un pays en vente au grand capitale mondiale, avec une deuxième division de foot qui va jusqu'à s'appeler Dominos ligue 2. Les pizzas sont a tous ceux qui en font bande d'impériaux enculés. En parler dans une place censée représenter la République, d'où son horizon serait sûrement plus brillant.. Je ferais mieux d’écrire sur ma thèse, mais ce qui se passe dans ce pauvre pays m’intéresse malheureusement plus. Même si dans toutes les ironies des situations que je peux trouver fort amusantes, des choses changent, Copé me fait moins rire et parviens presque à me faire lâcher les pédales, tandis qu'Hollande me fait pitié quand je le regarde parler. Après son mandat, j'espère qu'il va travailler pour Emmaüs, ça donnerait peut être envie à ceux qu'il a vraiment aidés de donner des miettes de leurs empires pour que ceux qui n'arrivent pas à suivre la locomotive de vie qu'il faut chopper prétendre en y trouvant des t-shirt I heart Beyrouth antique, cette belle ville, avant qu'elle tombe définitivement. Est-ce que ça vaut vraiment le coup de s'y intéresser? Est-ce que prendre l'air pollué de la place de la République pendant toute la semaine en a valu la chandelle? Le mercredi oui, écouter Lordon parler.. S’il voulait, il pourrait être notre prochain président, ce con. Au moins maire du 18 au 20ème arrondissement. Pourquoi pas plutôt passer sa vie sur vente privée? J'ai plus de carte bleue. Je ferais peut-être mieux de peaufiner ma lettre de démission à ma banque. Cette pute de grand crédit même plus mutualisé. Putain je me sentais bien l'humeur de signer plein de chèques, mais j'ai oublié mon chéquier au bureau.. Ce n'est que partie remise, bande d'enculés.

Quelles actions ont été significatives, d’abord pour la cause, ensuite pour moi: pour la cause je sais pas trop, à part faire le piquet et conter pour une tête d'homme blanc intellectuellement moyenne classe en plus, ce dont la place de la république n'a pas crucialement besoin. Le congrès sur la banque et l'éthique dans le 2ème arrondissement. Très tôt le matin, là mon nombre singulier a été plus important, bien que trop tôt du matin, je suis pas vraiment arrivé à sortir les blagues que j'avais préparées. J'ai loupé l'occaz de leurs faire peur, un banquier à demander à la meuf qui était devant moi à quelle banque elle était, ce à quoi elle à rien répondu, n'en déplaise au gogo chiottard qui traînent à répu, on a pas vraiment les moyens de se sortir de la société de l'argent. C'est un truc qui revient souvent ça, quand les AG parlent d'argent, des gens se soulèvent et disent «on est contre l'argent, on est contre les banques, on ne peut pas créer de solution avec ça». Une grande partie des gens sont justement dans la merde, car en manque d'argent, et si ils ont une famille ils peuvent paaas venir vivre dans une ZAD ou, en l’occurrence, dans les appartements privés du 12ème que papa à hérité de sa grande tante. Bref, quand le banquier, qui avait l'air d'un gars relativement humain finalement, bien qu'il doive camper sur des monts d'or de merde, quand il a lancé cette cruciale question à ma camarade, j'aurais du lui balancer ma carte de crédit à la gueule «moi je suis au crédit mutuel mais aujourd'hui je m'en fous, on peut plus cautionner votre vaste blague dont vous seuls et vos maîtres profitez. Prends donc ma carte de crédit, personne mieux que toi saura quoi en faire, mais si tu veux transférer mes actifs moyens de classe moyenne vers ton compte à Reno, s'il te plaît fait le à travers une société-écran, genre une fondation qui se bat contre la faim dans le monde ou dans les rues de Reno, parce qu'étant hors des 0,1% j'ai pas envie de me retrouver avec le fisc au cul. Tiens je te dis, prend ma carte de crédit, j'en veux plus. Ça sera ma carte de visite» sans lui dire que ma carte est inactive depuis deux semaines. Ça aurait eu de la gueule, et peut être il en aurait fait mention à ses copains à l’intérieur: «cette fois les gars, je crois qu'on va avoir un problème. On en a vraiment trop fait, le peuple en a marre. Cette journée va être trop grosse pour passer.» Tu parles, après leurs commissions sur la finance et l'éthique à 600 balles l'inscription, avec Juckner, Parisot et le DG de la Société Générale, même pas assez gros pour que ce soit relevé. Le parlement européen à voté une loi sur le secret bancaire, en plein pseudo scandale Panama Pappers. De l'humour même pas masqué. Le but de l'action était de rentrer gratuitement avec eux, pour pouvoir rire aussi, mais on n'y est pas arrivé. Trop peu réveillé pour pouvoir rentrer à l'argumentaire, même Alévêque l'a précisé, c'est bien dommage. J'ai essayé de rentrer au début, je m'étais habillé avec la carpette a fourrure qui pourrait me faire passer pour le seigneur des sans dents, avec chaussures brillantes, costard et chemise hawaïenne «que j'ai ramenés des Bahamas, d’où je reviens juste. Ça y est, tout est à l’abri au Delaware, regardez j'ai même la carte de crédit américaine» et la je jetais ma carte de USC par terre et crachait dessus. J'serais passé sur France inter, parler de ma fuite du système bancaire à toute la France, et ma mère m'aurait entendu en allant travailler à l’hôpital, se disant «c'est bien les jeunes, puis celui-là on dirait mon fils!». J'aurais l'occasion de le refaire, le coup de la carte, les banquiers ont l'air d'avoir envie de déconner en ce moment. Sinon what else, je suis pas en socio et assez loin du monde universitaire, plus j'ai un contrat doctoral de trois ans, alors je sais pas si l'engagement avec les précaires de l'Enseignement Supérieure et de la Recherche soit bien opportun. Y'avais de jolies meufs. J'suis un peu tombé amoureux. Dans ma tête, et moins de la cause. J'aurais pu aller à la nuit debout de Montreuil hier, mais la fatigue sportive m'a fait coucher tôt. Ç’aurait été bien, ma proche banlieue. Je vais y traîner cet aprèm, avec le carnet à dessin et du vin, vie, vélo. Puis peut être repu ce soir, pourquoi pas, il va y avoir des concerts, parait-il. Donc du monde. Et des possibilités. Peut être vais je faire mon baptême de lacrymo. Pour l'instant j'ai bien slalomé entre. Challah

Le Rasteau vente privée est très décevant, je ferais pas ma cave grâce à ce site de pédé. Un peu insipide, pas de nez, pars vite en bouche, sans l'attaque et la charpente que le soleil du Vaucluse devrait lui conférer. On dirait presque un Bourgogne. Il a quand même une belle étiquette. Un vin de damoiselle ricaine. C'est sûrement mieux de visiter directement les caves. Ça se fera, j'en suis sur. Allongé sur la place de la république, sa ne fera point trop de différence. Tout à l'heure, Ben m'a demandé s’il y avait une bonne ambiance, j'ai pas su vraiment quoi répondre. Dans l'optimal oui, il y a de la cohésion, même si elle ne gomme pas entièrement le froid et le manque de spontanéité et d'allée vers l'autre du parisien. J'y ai quand même croisé certaines belles personnes. Samedi, deux espèces de grands bourgeois au foulard noué autour du cou, étudiants du grand Sciences-PO de Paris, à qui j'ai engagé la conversation en pleine AG sur de bruyantes jérémiades sur la violence et les élections. « C'est con de rejeter autant l'issue électorale, car pour moi je voix deux aboutissement à ce mouvement, soit une élection gagnée par une personne de chair qui remettrait le citoyen en premier lieu dans les décisions inhérentes au pays, comme ce qui se passe ici en ce moment, soit en allant taper les flics et lancer un vrai mouvement révolutionnaire. Mais à ce moment la, il faudrait vraiment encourager à la violence et à la désobéissance à grande échelle.» Là un vieux, qui s'est avéré être enseignant à Science-Po Lyon, a repris en disant qu'il y avait des humains derrière les flics, et qu'il les faudrait mieux avec que contre nous. Ce à quoi j'ai acquiescé. S'en est suivi une conversation de deux heures ou ont été énumérer les fait, implications, conséquences et perspectives, de tout ce qui s'est passé dans la géopolitique asiatique et la gauche française depuis la seconde moitié du XXe siècle. Des encyclopédies vivantes, surtout le mec au foulard qui ressemblait à De Bermont, j'ai été laissé sur le cul. Quand on a arrêté la conversation, l'AG était finie et y'avais plus personne, les gens était devant la statue à écouter du son de teuf, des rappeurs sauvages ou une bande de cuivres. J'ai été un peu frappé par le nombre de jeunes filles bronzées qui vendaient des bières. J'avais entendu des gens râler dans la semaine, dont une intervention des mecs de la sérénité, à comprendre la sécurité, qui les avaient accusées, d'une de faire du beurre sur les militants de la place, et deux de saouler les noctambules qui étaient ensuite plus prompts a faire chier les meufs, casser des trucs ou provoquer la police. Il avait enchaîner sur le fait qu'ils avaient rien à faire là et l'appel à les virer. Sur ce, un tiers des gens assis à l'AG se sont levé, et sans vote, tel un flow de moutons, sont allé interpellé ces braves travailleurs pauvres et précaires pour leurs dirent qu'ils n'avaient pas à vendre leurs merguez chimiques ici. J'avais trouvé ça très, très débile, un exemple criant d'endoctrinement presque dangereux et de moutonnerie. J'étais avec Roche, et ça nous a fait partir. Il pleuvait aussi. Le climat n'a pas trop aidé le mouvement la semaine derrière, avril ne nous a pas laissés enlever un fil, mais ça aussi, ça va changer. L'autre grande rencontre, c'est un mec qui m'a proposé du saumon tiré de sa poche, pour agrémenter les sandwiches provenant du RestoDebout, que j'avais pris pour moi et mon compagnon du moment. Un grand rebeu avec une incisive en or, qui avait été clochard pendant deux ans, descendu aux enfers et remonté avec un entrain de vie, un regard sur les choses, une implication réelle. Il était scotchant, parlé sans baisser la voix pendant une demi-heure d'une syntaxe limpide et amusante, tout était vrai. Quand un gauchiard est venu craché sa haine du système monétaire d'une voix presque totalement partie, ses dires formatés n'ont pas tenu une minute face à la spontanéité de ce grand monsieur et ses récits de vie de vie criants, avec beaucoup d'allusions à Matrix et à Morpheus. Il parlait à tout le monde autour, et tout le monde buvait son discours. Il s'est envolé d'un coup pour aller se recharger en bières, et moi et mon compagnon du moment sommes partis comme de douces brebis. «Putain il était ouf ce type, au premier abord on aurait jamais dit qu'il pouvait avoir tant à dire! Eh oui, comme quoi, l'habit ne fait pas le moine.» Il vient d'ailleurs de m'envoyer un message pour savoir si j'y étais en ce moment, mon compagnon, pas le grand moine. J'y serais demain. Il se passe quand même beaucoup de choses sur cette place.

Revenons sur l'ombre scissionniste d'hier. Le peuple à accéder à la parole et à la revendication des luttes, le mercenaire militant est en marche et il se battra. Surtout si on lui coupe la parole. Ce qui c'est passé hier dans l’amphithéâtre de la bourse du travail de la CGT de Paris, lieu hautement historique pour les avancés sociales qu'il a implanté, en ce 20 avril 2016, fameux 4/20 qui authorize normalement les américains à passer leurs journées entières à fumer une masse indécente de ganja explosive, initiait un assez gros creux dans la fraîche histoire du hameau de 2016, qui devra impérativement être surmonté. J'avais assisté à autre événement fondateur du 11 avril, le premier jour de non-déclaration de l'occupation de la place. Commençons par là. J'étais revenu de Bulgarie la veille et avais trouvé la place transformée depuis le 31 mars, jours originel, pluvieux et gris, du lancement de l'occupation. Lordon avait fait son discours d'un camion ou passaient les bérus et HK, les bâches étaient confuses et il faisait très froid. Le dimanche de la semaine d'après, la place représentait la ballade parisienne dominicale par définition. Sous un soleil déchiquetant les derniers nuages qui avaient recouvert Paris pendant des centaines de jours, les gens se promenaient dans une ambiance sereine, des constructions avaient poussées dans le dur pour héberger les vaillants, quelques pavés retirés pour faire pousser des plantes éphémères, ce qui a fait jaser les soi-disant gardiens de l'ordre structurel, et à 5 heures du matin quand il n'y avait plus grand monde, les forces de l'ordre ont ramené leurs lacrymo et leurs bulldozers pour tout évacuer. Quand je suis arrivé le lundi à 18 heures, en sortant du boulot, il n'y avait plus rien. Des cars de CRS autour de la place formaient une barrière imperméable aux personnes transportant plus qu'un simple sac à dos. Deux cents personnes on commencer la rituelle AG en essayant de parler dans les mégaphones vite déchargés, puis à la criée, la foule réverbérant les dires des volontaires, à moitié hilare de ce mode de fonctionnement ancestral. Ça à donner des situation cocasses, comme quand le mec très présent dans la commission francafrique parlait d'une dame morte devant un hôpital au Cameroun, faute de moyens de se faire soigner, et sa sœur qui à eu des problèmes en protestant. C'est chaud qu'une foule qui a envie de rire répète plusieurs fois: «elle est morte, devant l'hôpital». Mais quand quelqu'un a annoncé qu'une vraie sono attendait derrière un camion de CRS et qu'il fallait aller la chercher, l'AG à vite voté à l'action. La, mon cœur a accéléré. Peut être la première larme de lacrymo? On s'est tous levé et avons encerclé un camion de CRS en criant «Liberez la sono». Ça m'a un peu rappelé le libérez le JT de l'ENISE, en plus sérieux. On à attendu assez confusément pendant 20 minutes, des gens passaient en disant qu'on était con, que la sono était pas la, quelques cris de victoires, puis non. J'ai vu passé une marmite, la fameuse MarmiteGate, qui s'est retrouvée pleine de mafé une heure plus tard et aussitôt versé dans l'égout par un CRS nazi qui aurait préféré qu'on mange un bon pot-au-feu au ralouf à la place, ce qui a provoqué un petit scandal. On a finalement gagné le droit d'utiliser la sono. Une demi-heure plus tard, rebelote avec les réchauds. La foule à pas été assez mobile pour empêcher la destruction du Mafé. Mais la nuit debout a continué. Je pense que cette victoire est beaucoup due à la grande densité de caméra pro autour de la fourgonnette de police pourtant encerclée. Sur une place de banlieue, on se serait bien fait taper. Les médias rapportent beaucoup sur ce mouvement, même s’ils mettent des accents sur les pseudo-violences pourtant inhérentes à un mouvement de révolte sociale, et qui sont parfaitement légitimes à mon sens. Ça comblent l’absence d'un mouvement de gauche en France contemporaine. Revenant en à hier. J'ai rien vu passer sur l’événement, et tant mieux, mais je pense qu'en vue des faibles mains tournoyantes lors de l'annonce du communiqué/résumé de la réunion de la bourse du travail, ça à vite fait le tour de la place de la république. "Les intellectuels veulent nous voler le mouvement. Ils ne respectent pas notre parole et nos actions horizontales. Ils ont des dessins politiques, mais on ne les voie jamais sur la place de la République. Ils veulent nous récupérer comme tous les autres"

Notes prises à chaud sur la fin de la réunion:

Au chaud en ce vendredi 29 avril. Hier je suis rentré fatigué, et ça m'a suivi toute la journée, collé à mes cheveux sales. C'était une journée assez sauvage. Les médias ont crié à l’échec du rassemblement, pour cause de violence et une mobilisation bien en deçà de ce qui avait été auparavant. Pour selon que c'est les vacances scolaires, sava. Puis pour être resté jusqu'au point limite de la bastonnade généralisé pour tous les restants de l'étoile de Nation, je peux dire qu'il y a eu des violences, et des deux cotés. J'ai reçu un bon baptême de gaz lacrymal, et quand il ne restait plus qu'une seule entrée pas encore coupée par la nasse des CRS, je me suis engouffré dans le métro. Juste après que je sois passé, j'ai vu les forces combinées des polices barrer la route et sortir les matraques. Ça c'est joué à la minute pour qu'on m'ait passé à tabac et peut être même embarqué, pour les raisons qu'ils auraient voulu. Je n'ai rien lancé, j'étais juste là, à slalomer entre les boulevards ou pleuvait caillasse gaz et balles en plastiques, reculer quand la charge des CRS se rapprochait trop et que le nuage de gaz était trop dense. C'est con, car après avoir passé l'intégralité de la semaine avec mon écharpe pour soigner mon rhume, je n'avais que mes lunettes de soleil et mon anorak pour me protéger. Peu efficace, j'ai versé quelques larmes. Quelques débordements marrants, surtout en Bretagne, où ils ont incendié une Porsche, lancé des bombes sur les forces de l'ordre, puis son lot de banques et de panneaux publicitaires défoncé. Dans l'optique de cette lutte, il faut être hypocrite pour les plaindre. Les forces de l'ordre ok, il est martelé qu'un policier a eu de graves blessures suite a un projectile qu'il a reçu sur la tête, et même s’il est complètement fait fi des nombreux citoyens qui perdent un œil à cause des flashballs à bout portant ou se sont fait scalper par des matraques, cette nouvelle n'a rien de drôle. Pour l'humain, c'est un lourd accident du travail, et c'est très dommage de se faire abîmer en faisant un métier aussi con. Puis pour la suite du mouvement, car si les policiers ont un blessé sérieux, ces milliers de mecs qui pour la moitié votent Front National, vont avoir le goût vengeur du sang dans leurs bajoues. Hier la place de la République a été nettoyée beaucoup plus tôt qu'à l'habitude. Les interpellations pour cause de présence sur les lieux vont renchérir, tels des sociologues dérangeants de Paris 8, relâché de leurs GAV en liberté surveillée, ou des centaines d'autre plus anonymes. Ça me dérange un peu, car si je me fais arrêter, personne à l'extérieur ne se bougera le cul pour moi. J'étais avec Sam au début, mais il est parti aux premiers jets de lacrymo. Faut dire, il a une famille, une occupation, et il avait pas bu. Il a donc préféré rentrer chez lui quand la Nation est devenue brumeuse, que devant notre pelouse ou on sirotait une despé, des bancs de CRS reculaient sous les jets de bitume et de bouteilles, tirant du mortier dans tous les sens. Il a sauté dans le métro et est remonté trois minutes après. Une salve de gaz avait été aspirée par le souterrain, rendant l'endroit invivable. Je venais de gratter une fiole de sérum phi, il m'a tapoté l'épaule et fixé sans parler avec deux immenses cratères rouges innondés pour pouvoir les rincer. J'ai posé ma bouteille en verre, de peur que ça soit considéré comme une arme, puis j'ai vu passer une meute de flics en civil, avec leurs matraques télescopiques et leurs sweets Anarchie. J'ai revu le moine à la dent morte!! Entre deux assauts de la foule, il pissait contre une bouche de métro. «Crois moi mon frer, quand je vise je fais pas semblant, je touche des têtes. Je les voies, avec leurs flashballs de putes, ils me suivent ces enculés, ils veulent me ramener chez eux. C'est parce qu'ils voient que c'est moi qui mène les assauts, et quand je balance mon pavé ils le sentent. Tu vas voir qu'ils vont m'envoyer un régiment de civils, attend que j'en chope un de ces petits pédé, j'ai tellement envie d'en choper un». Et d'ailleurs il y en a quelque un qui on morflé, des poulets en civils. J’espère que c'était lui, et j'espère qu'il est parti a temps. Le prince des roublards. Avec du recul, c'est enrichissant d'avoir côtoyé ces radicaux, «casseur» comme ils sont décriés dans la presse. Et tout le monde se désolidarisent d'eux, sous le naïf, «ces gens sont juste la pour casser, ils s'en foutent qu'ils nuisent à notre mouvement pacifiste et bienveillant, même contre ces forces répressives de l'état que nous prétendons combattre». Heureusement que certains sont la, pour montrer que nous ne sommes pas des agneaux, que quand on nous attaque, des manières les plus détournées ou frontalement en rang serré, certains savent mordre et foutre le bordel. On était bien sur la pelouse à la sortie de la manif. J'avais aucune raison de bouger de la place de la Nation. Et aucune envie non plus, il faisait soleil, je commençais à être bourré et il me restait des cannettes de Heineken, et je revendiquais fièrement et légalement la haine que m'inspire les nouvelles facéties de la classe dirigeante. J'ai entendu personne qui m'a dit de bouger. Est-ce que ça fait de moi un mauvais manifestant ? Même si je n'ai rien cassé ni balancé, j'étais la quand il ne fallait plus, et donc apparemment hors-la-loi. Fidèle à mes principes de non-violence, je n'en ai fait aucune, mais je n'ai bougé que quand je n'avais plus le choix. Je suis fier d'avoir couru au côté de ces hommes qui répondent à la répression, sans autre objectif que d'être là, renvoyer les cartouches de gaz, et déranger l'ordre. La révolution n'est pas un dîner de gala.

En rentrant de république ce soir, je me suis fait contrôler par les flics. Ils ont remonté jusqu’à moi dans les couloirs du métro et cherché de l'alcool dans mon sac. J'avais encore mes lunettes de soleil, et étant arrivé quelques heures plus tôt avec mon ultime cannette à la main, je devais toujours pas marcher droit. Ils inventent tous ce qu'ils peuvent pour enfermer le mouvement. Bien que je sois plus très optimiste, j'essayerai de faire ce qui est à ma portée. Et face découverte, je partirais des lieux ou je proteste quand j'en aurai l'envie. Et je parlerai dorénavant plus des idées que des actions. Sauf si je refais des trucs as cools.

11 mai 2016, quelques heures après une motion de censure de gauche manquées pour deux petites voies. Une image m'est apparu d'un tapis de bain rose avec un capitaine très pommé, peut être qu'il l'avait fait exprès, mais il arrive tout de même à garder le flot. Ceux qui ont encore des idées et qui sont un tantiet aventurier veulent renverser le tapis, quite à mettre à flot un pire pourri. Combien se déclarerons de ces attributs ? C'était pourtant clairement ce qu'il faudrait faire, malgré la liste d'horreur que Jupé viens de divulguer s’il était président. Des trucs assez ahurissants, la palme étant pour les syndicalistes, qui ne pourraient enchaîner que deux mandats, soit quatre ans d'exercice total. Pour un mec qui doit en être à son 80ème, condamné par la justice et inéligible pendant dix ans, aspirant de par les médias pour être notre prochain président, c'est assez hallucinant. Ce soir même libération a des relents révolutionnaires. Demain il va s'en passer. Je vais normalement à une séance d'oenologie, mais rien n'est sur. Il peut finalement s'en passer, même un an avant la présidentielle. Maman m'a dit de pas me faire casser la gueule, je n'espère pas, on verra bien. Hier c'est passé vraiment pas loin. Alors que la foule était présente sur le pont de la concorde pour constater comment la carcasse du monument parlementaire se délaitait après le sauvage viol du 49-3, la foule des plus excités, et qui n'ont pas été nassé à la sortie du métro, ont voulu allé prendre l'apéro à Solférino. En les suivant, j'ai bien vu que toutes les artères étaient bouché par les CRSS et qu'on irait pas bien loin. J'ai donc rebroussé chemin et en arrivant devant l'assemblé nationale, j'ai vu comme on vois un nuage orageux se former en montagne, alors que le temps était radieux il y a une petite heure, mais les indices étaient là, l'odeur, la luminosité qui baisse, les charognards qui volent bas, le noir s'assemble et tonne, j'ai donc vu une nuée de CRS se former en une triple ligne et courrir dans ma direction à toute vitesse, bouclier saillants et matraque armées, choper violemment des deux personnes qui marchaient devant à gauche pour les ramener dans la nasse, et passer à côté de moi comme si je n'existait pas. Dans la montagne je passe rarement entre la grêle. Sur le pont, j'ai pu appercevoir ce à quoi j'ai échappé. Pas longtemps car la vision des quais à vite été obstrué par les nuages de gaz, ne laissant voir que le bruit mitraillant des grenades de désencerclement, ironiquement uniquement lancé par les encercleurs. Pour le 1er mai c'était vener aussi. Alors que la manifestation familiale à été coupé de sa tête pendant deux heures, sans grand dessins des forces du désordre, un porc m'a juter de toute sa mouille poivrée dans les yeux, et quand j'ai pu revoir quelque chose il était devant moi, fouettant de sa matraque dans le vent à quelques centimètres de mon ventre. Mal et peur. Mais ils m'auront pas, ni ma gueule ni ma détermination. Demain la lutte sera concluante. Nous y croyons tous.

Presque rien ne s'est passé. Les manifs organisées ne sont pas assez efficaces, et ma personne en statut de grèviste n'est pas bien comptabilisée. Mieux vaut bosser et mettre dans la caisse de grève. Faire des actions qui marquent et bosser mon discours militant.

Hier une fille a fait pendant une bonne heure une danse du ventre très subjective devant un cordon de CRS qui se forçait à ne pas regarder. C'était très beau. Puis ça m'a bien fait rire, de voir ces pauvres beaufs pensant que pour une fois ils auraient pu avoir un plaisir sain dans le cadre de leurs travail, mais que ça serait pas éthique de baver sur quelqu'un qu'ils seront peut être amené à tabasser au cours des journées suivantes. [EDIT : Ça me fera penser à cette citation trouvée dans Médiapart : « Ces personnes, même les jeunes filles à talons, sont des délinquants. À partir du moment où la manif n’est pas autorisée, c’est une infraction. » Sérieux monsieur le commissaire ? Des agressions contre les infractions ? « Effectivement, il y a des coups de pied que l’on voit (…) Ils sont regrettables. Mais ce ne sont pas des coups de pied mortels à la tête non plus. »]
Ce jour là, on a dansé sur un groupe de rock tunisien, dans le 7ème arrondissement, le plus cher de paris, entre l'assemblée nationale et le siège du medef. Le but de rassemblement était d'ailleurs la séparation entre le medef et l'état, dans un autre sens que la proximité géographique. Un vieux rebeu du quartier ma dit texto : c'est de la provocation de jouer de la musique tunisienne ici, ces gens détestent les arabes. Un vieux bourgeois et d'ailleurs venu baver dans notre micro d'une manière très haineuse et incompréhensible qu'on le faisait chier. On l'a applaudi et demandé de venir s'exprimer plus clairement. On était observé depuis les toitures-terrasses par des sexagénaires aux cheveux roses. On a joyeusement fini notre vin à la place de la république, jusqu'au délogement violent et disproportionné des forces de l'ordre. Journée désorganisée. Je me suis levé avec une certaine gueule de bois et je suis allé récupérer un colis contenant quatre bouteilles d'alcool fort. Je me prépare pour quand les fachistes auront interdit la liqueur, et je commence à avoir un sacré bar. Aujourd'hui à la ferme à Paris avec la Confederation Paysane, j'ai acheté deux différents semi de tomates cerises que j'ai appelées Cathou et Lolo, ainsi qu'un poivron appelé Toto. Beau baptême pour ces futures grandes plantes devant le concert du chanteur de la rue ketanou. Une belle après-midi sur les bords du canal Saint Martin. Peut être que çe serait ça, notre victoire. Niveau politique, il y aura peut-être une pénurie de carburant la semaine prochaine. Ça serait le bordel, ça serait beau. Je sais pas si ça serait suffisant pour jouer sur ce gros con de Valls.

Ça y est, la grève est enclenchée, la victoire est a portée. Aujourd'hui j'y crois. J'ai même liké la page de Mélanchon sur fb. Je suis passé plusieurs fois devant lui lors des manifs et je viens de tomber (avec du retard) sur la polémique qui avait entouré le meurtre d'un libéral russe, qui avait été (rapidement) attribué à Poutine et dont Mélanch n'avait pas salué son existence en ce monde, car trop conspirant au côté de Tatcher et la clique du grand libéral. Il avait reçu des pierres de toutes parts, comme un «ennemi de la démocratie», y compris dans son camp. Comme quoi la mort, si elle est connue et diffusée dans notre cirque, elle embellit forcément. Je me suis toujours demandé ce qui se passerait quand l'ami Jean Marie y passerait. Il y a 15 ans j'avais ma petite idée à base de nécrologie de citations nauséabondes, d'insultes ou de soulagement, et les fachos qui retrouveraient un petit bout de leurs âmes pour l'un de leurs vieux maîtres camarade aryens, passé de l'autre coté. Aujourd'hui je n'en ai aucune idée. Revenons-en à la révolution! Plus d'une semaine de grève dans les raffineries, des syndicalistes qui ont confiance en leurs actions et entendent continuer, la France qui se rue dans les stations-service pour être sur de pouvoir aller au travail le matin, les journaux qui ne donne la parole qu'au mécontents qu'on prend en otage, ou aux politiques du PS qui hurlent au scandale «comment osez-vous toucher à l'économie», les cons. Il faudrait leur demander de redéfinir le socialisme, pour qu'on rigole. La rédac chef du nouvel obs a sauté, suspectée d'entretenir une relation charnelle avec Frederic Lordon. Niels, dont tant d'autres tiennent beaucoup à leurs sociale démocratie. C'est extrêmement marrant les noms des courants donnés par ces gens. Je suis peut-être de mauvaise foi, mais je ne vois ni social, ni démocratie dans les agissements de Hollande ou de l'austère Europe. Je me demande qui les soutient encore. Ceux qui regardent exclusivement la télé sans doute. Ou ceux qui détiennent beaucoup de capitaux. En tout cas le printemps tarde à arriver à Paris, mais c'est pour bientôt.

Épilogue : Je n'ai ni fini ce texte, ni parachevé la lutte. Dans la suite, il y a encore eu un sacré paquet de lacrymo, des manifs de plus en plus encadrées, le point d'orgue étant de passer par deux barrages de poulets avec fouille comportant une palpation des bourses et qui à résulté en 80 arrestations "préventives", ce pour rejoindre la place de la Bastille ou le parcours s'est contenté de faire le tour du canal. 10 minutes de marche normale, 30 au rythme des cortèges. Tout ça s'est mollassonement finit quand les vacances approchèrent, la nuit debout arrêta ses AG lors la construction d'un skate park sur l'esplanade sacralisée de la place de la République, et les manifestations ne voulurent pas déranger la l'organisation française de l'euro 2016